Ce lundi 21 juillet, l’Assemblée Nationale et le Sénat réunis en Congrès à Versailles ont adopté le texte modernisant les institutions.
Je comprends que Nicolas Sarkozy ait été satisfait de ce résultat lorsqu’il en a été informé à Dublin. Ce que je n’admets pas, par contre, c’est qu’il se soit cru autorisé à l’annoncer immédiatement. Il existe en effet une règle selon laquelle on ne commente pas la politique intérieure française à l’étranger. Bien pis, si lors de tels déplacements c’est généralement le Président de la République française qui s’exprime, nous avons pu hier entendre le Président de l’Union européenne en exercice nous entretenir d’un vote interne obtenu dans un État membre de cette même Union. Et comme Nicolas Sarkozy en a profité pour fustiger ce qu’il appelle le sectarisme du Parti Socialiste, ce n’est même pas le président de tous les Français qui parlait mais un vulgaire chef de clan.
Je souhaite que l’on m’explique également pourquoi, lorsque des députés UMP, ayant formulé d’importantes réserves sur cette réforme, contribuent à la faire adopter, c’est une attitude respectable, alors que quand la totalité du Parti socialiste, Jack Lang excepté, se prononce contre pour des raisons tout aussi valables, c’est la marque du plus épouvantable sectarisme, pas vrai Nicolas ?
Peut-on également nous affirmer que le report au 24 juillet de l’annonce des villes dont les garnisons vont être supprimées n’est en rien lié à la convocation du Congrès ce 21 juillet ?
N’a-t-on pas pu utiliser ce répit pour indiquer à quelques députés UMP hésitants le bon choix, celui qui permettait d’éviter la hache de la suppression, tout comme le mauvais parti, capable de leur faire occuper dans la liste des punis les places libérées par des élus plus attentifs à leurs intérêts locaux ?
J’exposerai peut-être sans un autre billet les raisons de mon opposition de principe à cette réforme mais je tiens dès à présent à indiquer celle qui relève de la sémantique. Le Comité qui a présidé à l’élaboration de cette réforme s’intitulait : « Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions ». Le mot qui me hérisse dans ce libellé est celui de modernisation. Parce qu’il est strictement vide de sens. Il vise à apporter à une réforme un cachet d’efficacité et de justice par la seule magie du mot moderne. C’est moderne, donc ce ne peut être que bien. Foutaise, le mobilier moderne date de 1950, l’art moderne de 1900, la querelle des Anciens et de Modernes du XVII° siècle et les Temps Modernes du XVI°.