Jusqu'à présent, les modèles d'évaluation des risques de défaut mis en œuvre par les institutions financières dans le but de décider d'accorder un prêt ou de fixer ses conditions restent largement calibrés pour un monde disparu, celui qui existait à la fin du XXème siècle, quand l'essentiel de la population des pays développés était salariée (ou au chômage). Aujourd'hui, tout a changé : plus de 3 millions de français (12% des actifs) sont des travailleurs indépendants, selon l'INSEE. Les normes doivent donc évoluer.
La première vague de réponses à cette mutation, à laquelle participe la jeune pousse hexagonale Mansa depuis sa création en 2019, consiste à optimiser l'accompagnement de ces entreprises au profil particulier, dans une tendance plus vaste englobant l'ensemble des TPE. Cependant, ces individus, qui ont choisi l'autonomie dans leur parcours professionnel, souhaitent aussi bénéficier, dans leur vie privée, des mêmes services que ceux qui préfèrent la stabilité, notamment au regard de l'accès au crédit.
Dans cette perspective, la nouvelle plate-forme que vient de déployer la startup met à profit sa connaissance approfondie de l'écosystème afin de proposer aux freelances un crédit renouvelable de 500 à 5 000 euros pour leurs projets personnels (achats importants, travaux de rénovation…). L'expérience, entièrement en ligne, se veut transparente (taux fixe, sans surprise) et réactive (décision de principe immédiate, validation sous 48 heures, mise à disposition des fonds à la demande…).
La solution est le fruit d'une collaboration exemplaire, dans laquelle la filiale spécialisée de Société Générale fournit, sous forme d'API faciles à intégrer (disponibles depuis peu), l'ensemble de son processus de souscription Budget+, de la simulation à la signature électronique, tandis que Mansa assume, entre autres, la qualification en temps réel des dossiers, sans aucun échange de documents, grâce à ses algorithmes d'analyse de l'activité reposant sur une connexion aux comptes bancaires du demandeur.
La combinaison est positive pour toutes les parties prenantes : l'une ouvre son catalogue aux opportunités d'un segment d'emprunteurs jusque là difficile à atteindre, l'autre étend, rapidement (selon la communication officielle), sans disperser son énergie, sa capacité à satisfaire les attentes de ses clients. Et, au milieu, les indépendants ont enfin la possibilité d'obtenir un financement sans complications pour réaliser leurs projets.
Historiquement, le secteur du crédit à la consommation est familier des approches de partenariat, largement répandues à travers les cartes de crédit privatives. Il n'est donc guère surprenant qu'il se trouve en pointe dans la transition vers le modèle de banque ouverte (« open banking »). L'initiative de Franfinance n'en est pas moins notable, parce qu'elle constitue un des rares cas à ce jour d'un établissement qui appréhende concrètement la manière dont l'ère technologique impose ses règles sur ses métiers.