Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la musique occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine d'albums. Et parmi ceux-ci Out to Lunch! d'Eric Dolphy.
Ce fut un des premiers albums de jazz dans lesquels j’ai plongé, alors qu’encore dans ma vingtaine je faisais en quelque sorte ma mue musicale.
La séduction opéra immédiatement : un des quelques disques du genre pour lesquels je n’eus pas besoin d’apprentissage.
Et les qualités que j’y ai trouvées d’emblée opèrent encore aujourd’hui.
Les motifs d’obsédantes ritournelles y voisinent avec les brusques percées vers l’ailleurs et les textures, basées sur une économie du peu, sont riches d’accords de timbres audacieux et évidents.
Le tout d’une légèreté et d’une souplesse folles qui ont à tout coup le don de me rendre guilleret en diable.
C’est à mes oreilles l’un des disques les plus parfaits de ma discothèque et dont je ne me suis, à ce jour, jamais lassé, y retrouvant les mêmes plaisirs tout en y découvrant régulièrement d’autres qui peuvent tout à coup se faire jour.
Après près d’un quart de siècle à mes côté je l’imagine traverser vaillamment encore les épreuves du temps, vous savez, celui qui presse pendant que votre patience s’use.