Roman - 300 pages
Editions Gallimard L'Arbalète - août 2019
Prix Fémina 2019
Prix Landerneau roman - 2019
Sacha revient s'installer à V. dans le sud de la France et il y retrouve l’auto-stoppeur, celui avec qui il est parti par les routes, il y a bien longtemps déjà. Contrairement à Sacha, l’auto-stoppeur est toujours auto-stoppeur, est marié à Marie et a un fils, Agústin. Au contact de cette famille, Sacha va sentir sa solitude, sentir les années qui l'ont éloigné du plaisir de partir à la rencontre d'automobilistes inconnus, sentir son cœur battre... Il peint puis s'occupe d'Agústin pour aider Marie lors des périodes d'absence de l’auto-stoppeur qui repart, inlassablement, par les routes...
Par les routes est un roman friandise dont on déguste chaque phrase, chaque scène, que l'on peut picorer, que j'ai longuement savouré. Les phrases, courtes, poétiques, suspendues, affranchies de nombreuses ponctuations, confirme le style de Sylvain Prudhomme.
Extrait :
"Enfant on rampe. On tombe. On sait le sol par les pieds et les mains. Intimement. Puis le sol s'éloigne. Être adulte c'est ne plus savoir tomber. C'est vivre dans un corps qui a perdu la mémoire du sol, qui ne sait plus vivre avec lui, qui en a peur."
Dans ce roman transpire l'amour de ceux qui peinent à aimer, l'amour de la liberté, de l'ailleurs et de l'autre, l'amour pour les chemins de France que l'on peut arpenter.
Extrait :
"Parfois je traversais un village et les trottoirs détrempés luisaient. J'apercevais l'intérieur éclairé d'un café, la vitrine clignotante d'une boulangerie toujours bardée de décorations pour Noël, à la gouttière de laquelle grimpait toujours un mois après les fêtes un mannequin rouge et blanc, hotte sur le dos. Un tableau d'affichage numérique m'invitait à un concert de la chorale municipale, à un tournoi de fléchettes à la programmation de la Semaine du film asiatique prévue au mois d'avril."
C'est aussi un magnifique roman sur l'amitié qui lie deux hommes, une amitié liée au passé qui a laissé des liens indéfectibles, forts, comme une vénération éternelle.
"Glissements progressifs de l'autostoppeur" - En attendant Nadeau