Ce qui m'a surpris dans la fréquentation de l'université, c'est le renouvellement de ses enseignants. Le professeur moderne n'a rien à voir avec celui qui l'a précédé. Surtout, il ne semble en avoir rien retenu, sinon des impressions superficielles. Un peu comme s'il "jouait au professeur". La forme, mais pas l'esprit.
Cela contredit notre notion de "progrès", qui se veut cumulatif, alors que le changement auquel on assiste est, en quelque-sorte, une "renaissance". Cela me fait penser aux anciens royaumes, notamment à un livre sur l'Allemagne et son histoire : d'une certaine façon, chaque nouveau souverain devait re conquérir son bien. Cela lui prenait une vie.
Bergson raconte que, quand il était enfant, il allait souvent chez le dentiste. Pour qu'il ne hurle pas, le dentiste lui donnait des bonbons. Il en avait déduit que le dentiste était un sadique, qui devait payer pour se livrer à son hobby. Ma mère me disait, de même, qu'elle avait déduit de ses rapports à sa mère qu'une mère avait tous les droits sur un enfant. Elle s'était empressée de voler un landau, pour pouvoir les exercer.
L'enfant est le père de l'homme. Nous commençons par être enfants, et l'enfant interprète le monde, il lui donne une explication, une cohérence logique, dont hérite l'adulte. Cette cohérence est d'ailleurs probablement influencée par ses intérêts. Lorsqu'il rencontre le monde réel, il constate qu'il n'est pas ce qu'il devrait être. Alors, il invente des mythes pour justifier les changements qu'il doit subir.
Tentative d'explication de pourquoi nous perdons la mémoire, et de comment nous essayons de faire ressembler la réalité à nos rêves.