Plus jeune, mes amis et moi faisions une imitation de Richard Gere en l'appelant "L'acteur aux 1001 émotions". On disait colère, bonheur, médisance ou surprise et on faisait systématiquement la même face toutes les fois. Bref, c'était notre manière de dire qu'on le trouvait poche.
Mon opinion n'a pas trop changée sur lui. Je n'ai pas encore trouvé le film qui m'a fait le sortir du lot des beaux gosses n'ayant qu'à présenter leur bouille pour "performer". C'est encore pour moi l'équivalent de la belle actrice, pas tellement bonne, mais belle. Candy to the eye.
J'ai déjà mangé des sushis chez Kaizen, à Montréal, avec Gere, mangeant à 10 pieds de moi.
J'aurais dû aller lui parler.
Je le trouve en fait beaucoup plus intéressant ailleurs qu'au cinéma ou au théâtre. Il est bouddhiste et fier représentant des droits humains au Tibet. Il est un proche du Dalaï Lama et a été banni des Oscars quand, présentateur de trophée, il a publiquement critiqué la Chine et son traitement du Tibet. Il avait aussi appelé au boycott des États-Unis lors des jeux Olympiques de 2008 à Pékin, pour les mêmes raisons. Il est aussi largement impliqué dans les mouvements de recherche pour conter le SIDA, et dans les mouvements de préservations de tribus ancestrales, premières nations, de respect de leur droits et de leur dignité, un peu partout dans le monde.
Il n'hésite pas à critiquer Benjamin Nathanyaou, très criticable, mais plus souvent qu'autrement protégé vicieusement.
Il a été brièvement arrêté en Inde, en 2007, après avoir "dippé" et embrassé publiquement une star de Bollywood, pour grossière indécence. Mais la cause est allée nulle part, jugée idiote par l'Inde, elle-même. Il est la figure de proue de la compréhension et de la communication autour du SIDA, qui sont de lourdes carences en Inde.
C'est un musicien accompli et un expert en karaté. Il a composé et joué sa partie au piano dans Pretty Woman et un solo de guitare dans Runaway Bride.
Il est sur le comité de direction du mouvement Help The Divide, un regroupement visant à faire la promotion des droits humains, des initiatives globales, de la paix, de la justice et de la communication.
Mais il est avant tout, acteur. Acteur poche, mais
Et comme acteur, il doit beaucoup à un autre acteur. John Travolta.
Pas moins de 4 fois, des rôles pensés et offerts à John Travolta ont été refusés par lui et c'est Richard Gere qui a fini par les incarner sur grand écran.
1977: Days of Heaven.Le journaliste, écrivain et parolier musical Jacob Brackman introduit son ami producteur Bert Schneider à Terence Malick en 1975. Dans un voyage à Cuba, ensemble, on ébauche et écrit l'histoire qu allait se développer en Days of Heaven. Malick veut d'abord Dustin Hoffman. Mais celui-ci tourne à la fois All The President's Men et Marathon Man. Ensuite il doit tourner Straight Time. Malick pense alors à Al Pacino, l'année suivante. Mais ce dernier tourne avec Sidney Pollack, adapté d'un roman de Erich Maria Remarque. La star de 1977, en raison de Saturday Night Fever, est John Travolta. Mais Travolta est une telle star qu'il enregistre de la musique, et tourne coup sur coup Grease et Moment By Moment. Travolta refuse le rôle de Bill, un travailleur d'usine de 1916, assassin de son patron, prenant le fuite avec sa copine. Le film sera un échec commercial, mais un délice visuel. Comme bien des films de Malick. Pour Gere, il s'agit du 4ème film dans lequel il apparaît depuis 1975.
1979: American Gigolo.L'histoire d'une escorte mâle a d'abord été proposée à Christopher Reeves. Mais l'auteur du film (et réalisateur) Paul Schrader ne voulait absolument pas l'acteur de Superman dans son film. Il a appelé son agent et l'a convaincu de ne pas lire le script. John Travolta s'est ensuite montré intéressé et a même tourné quelques scènes avec Schrader. Mais il reçoit presqu'en même temps le script de Urban Cowboy qu'il juge plus intéressant. Travolta abandonne le tournage et Schrader menace de le poursuivre si il n'arrive pas à engager Richard Gere. Mais Schrader y parvient. Gere est enchanté par le rôle qui offre un sous-texte homosexuel. Le film et le rôle ferons beaucoup pour la carrière cinématographique de Gere. Qui a 30 ans.
1981: An Officer & a Gentleman.L'histoire de Zack Mayo , un officier de la marine des États-Unis, débutant des entraînements en aviation a d'abord été proposée au chanteur John Denver. Mais ce dernier était incertain de ses propres talents de comédiens dans un rôle principal. On organise des auditions concurrentes entre Jeff Bridges, Harry Hamlin, Christopher Reeves, John Travolta et Richard Gere. Travolta est choisi. Mais celui-ci a déjà accepté de tourner Staying Alive, une suite à Saturday Night Fever, et Two of a Kind, la réunissant à nouveau à Olivia Newton-John. Travolta refuse le rôle. Gere était le second choix. Il est choisi. Le film le placera dans les héros romantiques.
2001: Chicago.Depuis 1975, le spectacle de Broadway est un projet de cinéma. Bob Fosse devait en faire le sien après avoir non seulement dirigé la version scénique au théâtre, mais aussi avoir gagné l'Oscar du meilleur réalisateur pour Cabaret en 1972. Mais le projet traîne et Fosse décède en 1987. À partir de 1996, le pièce gagne en popularité comme jamais sur Broadway. 9562 performances de suite. Miramax en achète les droits. John Travolta est choisi pour le rôle, mais change d'idée. Richard Gere prend le rôle qui lui était réservé, celui de l'avocat Billy Flynn. On avait pensé à Micheal Jackson pour prendre la place de Travolta, mais Harvey Weinstein s'objecte vivement à l'idée, trouvant que l,attention serait trop portée sur ce personnage secondaire. Le film raflera 6 des 13 Oscars auxquels il était nommé, dont celui de la meilleure actrice dans un rôle secondaire (Catherine Zeta-Jones) et du meilleur film.
Sur la tombe de Richard Gere, un jour peut-être, on pourrait y lire, Tks John ,for the professional gigs.
Richard Gere a 71 ans, aujourd'hui.
Né 368 jours après ma mère.