Chroniques d’un anthropologue au Japon (17)

Publié le 29 août 2020 par Antropologia

Martyrs (1)

J’ai mis la main par hasard cette semaine sur un texte passionnant. C’est à cause d’une catholique japonaise, la soixantaine, petite et mince, la peau sombre, toujours très aimable. Sourires polis dans le couloir. Elle étudie le français avec ma femme ; ou tente de la convertir. De nous convertir en fait, car si elle sait que nous sommes déjà chrétiens de cœur, nous ne le sommes pas forcement selon les règles. Le baptême, ordonné par une personne compétente, est-il nécessaire à la foi ? Je n’oserais pas lancer le débat avec la dame pour le moment. Il faudrait de toutes façons qu’elle accepte l’idée de se retrouver seule dans une pièce avec moi, ce qui semble mal parti pour le moment.

Selon ma femme, elle est extrêmement sérieuse dans sa pratique religieuse. Elle est aussi très studieuse et curieuse. Elle lui raconte toujours des histoires extraordinaires, mais parfois étonnamment crédibles. Même s’il manque toujours les sources. Ne pas pouvoir obtenir les informations directement me frustre également.

La semaine dernière, elle avait conté à ma femme les terribles souffrances endurées par certains prêtres catholiques pendant la dernière guerre au Japon. Et la difficulté de faire reconnaître comme martyrs les catholiques qui avaient souffert pendant cette période. J’avais vite oublié l’affaire, qui me semblait banale. Quelques jours plus tard, pourtant, je trouve sur le bureau de ma femme un texte intitulé Rapport du P. Mercier, Sur sa Captivité en 1945 et sa Libération. Les majuscules sont celles du titre original. Le livret d’une trentaine de pages, mal imprimées, reliées entre elles par des agrafes mal enfoncées, était visiblement une copie d’une revue catholique éditée par les « Missions Étrangères de Paris, Groupe de Kobé – Japon ».

J’imagine que le texte avait été refourgué à ma femme par la catholique. Un petit sticker d’ange avait été délicatement collé à droite du titre. Je contemple le document avec un peu de suffisance, mais cède finalement à l’envie de le parcourir.

(à suivre… )

Rémi