Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je ne suis pas toujours très cohérent.
Et je ne cherche pas plus que ça à l’être.
Bien sûr, au moins en tant que parent, j’essaie d’éviter les contradictions flagrantes entre mes demandes et mes comportements.
Sans toujours y parvenir.
Bien sûr aussi, un prédicateur exigeant, réclamant l’exemplarité des autres sans appliquer à lui-même cette même sévérité ne trouvera pas vraiment grâce à mes yeux.
Pour autant je ne fais pas plus de la cohérence une vertu nécessaire qu’une demande prioritaire.
Déjà parce qu’en ce qui me concerne les envies, les humeurs, les opinions – je me demande si je ne vous en ai pas parlé – vont et viennent s’entrechoquant sans dessiner une forme bien nette.
Mettre de l’ordre dans tout cela demanderait trop d’amputations arbitraires.
Et puis les procès en manque de cohérence parfois m’agacent.
Il n’est pas rare qu’ils se battissent sur toute une série d’équivalences, évidentes et indéniables dans l’esprit du procureur de circonstances, mais discutables pour beaucoup d’autres.
Ainsi un mur se construit autour de vous et il est vite décourageant de devoir remettre en question chaque brique le composant.
Je peux éprouver de l’admiration ou même de la jubilation au spectacle de cathédrales argumentatives mais souvent une once de méfiance vient s’y mêler.
Si le travail de la pensée comme le débat ne peuvent se passer de discours solidement charpentés je vous avouerais qu’ils me sont davantage aimables quand ils admettent leur possible fragilité.
Vous me demanderez peut-être de préciser ma pensée par des exemples précis. Je vais être décevant, rien ne me vient en tête à cet instant.
Je devrais chercher, sans doute.
Mais chercher demande du temps alors que celui-ci presse et votre patience s’use.