Après une saison 1 particulièrement pertinente, Condor revient pour une deuxième enquête, moins inspirée que ce qu'on attendait.
En cavale à travers l'Europe, Joe Turner est forcé de retourner sur le sol américain pour élucider le meurtre de son oncle et dénicher une taupe russe infiltrée au cœur de la CIA. Audience Network propose la suite des aventures de Max Irons dans le rôle de l'analyste Turner en adaptant, de loin, le second roman de James Grady, l' Ombre du Condor. Une seconde saison toujours réussie, même si moins maîtrisée que la précédente.
Ainsi, après avoir suivi le roman mais surtout le film Les Trois Jours du Condor avec Robert Redford, ces 10 nouveaux épisodes s'émancipent de toute iconographie visuelle pour se lancer, presque à l'aveuglette, sur les traces encrées de la guerre froide et des agents doubles, voire triples. Todd Katzberg, Jason Smilovic et Ken Robinson officient de nouveau à porter astucieusement la série d'espionnage sur des terrains connus même si le sentiment d'urgence semble ici plus forcé, moins naturel.
Bons baisers de Russie
En effet, dès lors que notre héros n'est plus poursuivi par l'agence, l'histoire de Condor tend à faire du surplace. Dans la première saison, c'est cette ambiance paranoïaque, presque claustrophobe qui permettait au show de briller. Traqué, caché, opérant en sous-marin avec ses proches, Turner ne comptait que sur lui-même. Ici, l'analyste se voit pardonné par la CIA qui requiert assez vite ses compétences analytiques pour dénicher une taupe russe. Un changement de focalisation important qui nous introduit dans une trame narrative déjà-vue, intéressante, mais peu surprenante.
Le parti pris de la guerre froide semble ici un peu désuet quand le personnage de Max Irons, habité, semble facilement manipulable, la faute à une écriture par moments incertaine, inconsistante où le rythme n'est pas égal d'épisode en épisode. La tension pâtit de storylines éclatées qui divisent l'intrigue en autant de rebondissements individuels qui perturbent et éclipsent presque le fil narratif principal. Surtout quand fausse amourette ou étapes du deuils viennent faire irruption sans être pleinement développés ni même nécessaires.
Pourtant, à l'opposé d'une saison 2 de Jack Ryan sur Amazon, on retrouve ici le protagoniste plus habitué des factures que des bourpifs. Plus souvent au sol qu'à faire mordre la poussière à ses adversaires, notre Condor EST Jack Ryan. L'enquête piétine, les trahisons et déceptions sont légions quand le personnage principal paraît impuissant, baladé par ses supérieurs et agents manipulateurs. A ce titre, on note que les rebondissements sont habilement installés alors qu'on est, nous aussi, promené par le bout du nez par une écriture pointue, faite de faux semblants et de twists surprenants dans un pur produit d'espionnage cérébral.
Pour se faire, les réalisateurs jouent avec nos sens pour faire de Condor une belle série, à la forme en parfaite adéquation avec son fond, tortueux. De longues lignes de fuite permettent aux personnages de se perdre astucieusement tandis que les dutch angles renforcent leur impression de désorientation. Enfin, les plongées et plans zénithaux filmés au drone finissent de faire paraître les espions et dommages collatéraux comme de vulgaires fourmis, des pions sur le jeu géopolitique des superpuissances.
Moins dynamique que la première, cette deuxième saison de Condor ravira cependant les amateurs d'espionnage et les fans de Jack Ryan. Vivement la suite !