Ma sélection de sencha de Kawane change un peu cette année.
Rappelons nous, Kawane est une zone de production de montagne du département de Shizuoka, située de part et d'autre du fleuve Ooi-gawa, en amont de la ville de Shimada. Les premiers documents relatant de la production de thé dans cette aire remontent au début du 17ème siècle. Néanmoins c'est à la suite de l'introduction de la méthode de fabrication su sencha de Uji en 1837 au village de Ikumi (Shimada) que le thé produit dans cette région gagne ses lettres d'honneurs.
A Kawane même l'essentiel de la production est concentrée en contre-bas des montagne le long du fleuve, mais quelques domaines se situent plus en hauteur, comme celui des Tsuchiya, à 600m d'altitude.
C'est la que ma sélection change un peu, ayant décidé de plus mettre en avant leur production haut de gamme avec leurs thés issus de plantation non-taillées dites "shizen-shitate" et donc de récoltes manuelles. Ce type de culture, base pour les vrais gyokuro et matcha, n'est pas commun pour le sencha.
Ainsi, en plus du Haru-midori, je propose cette année un beau Yabukita "shizen-shitate".
Voici un thé classique mais extrêmement raffiné, simple mais pourtant riche.
Avec une torréfaction très faible, ce sencha Yabukita est globalement très "vert", mais pas de type herbe coupée. C'est une impression végétales sucrés, avec une touche légère de jaune d’œuf, d'amande aussi.
En bouche l'astringence est légère, l'umami discret mais pourtant indéniablement présent, se développant avec délice et force dans l'after-taste.
Il est toujours très difficile de caractériser un Yabukita. Paradoxalement, les comparaison montrent toujours des thés très différents, et je ne peux que recommander à l'amateur de thé de se lancer dans des dégustations parallèles de Yabukita non-ombrés.
Si je propose nombre de thés très particuliers, parfois très typés, j'aime aussi paticulièrement ce type de très beaux Yabukita, élégants, simples, rafraîchissant, que l'on peut boire sans jamais se lasser.
Le Haru-midori est très bon cette année. Je rappelle qu'il s'agit d'un cultivar (cépage) relativement récent, enregistré en 2000, issu du croisement Kanaya-midori x Yabukita. Il fait parti des cultivars à s'est bien fait une place ses dernières années. Il faut dire qu'il possède nombre de qualité, de l'umami, une belle couleur, du caractère mais pas trop.
Tout de suite avec ce Haru-midori "shizen-shitate", nous avons plus d'épaisseur dans les arômes. La texture crémeuse de ses arômes rappelle sans aucun doute Kanaya-midori. Le parfum est alors également sucré, un peu floral, avec des notes de pomme de terre.
En bouche l'umami est important, il n'est pas écrasant non plus, malgré la couleur étonnante des feuilles, ce thé n'est pas ombré. Là encore on a une impression lactée et un peu florale. Ce sencha a du volume.
La torréfaction étant faible on a encore une sensation "verte" mais très différente de celle du Yabukita, ici les arômes viennent un peu masqué cela, sans pour autant ôter à ce thé sa sensation de fraîcheur.
Comme toujours, je ne peux que conseiller vivement de déguster les deux quand deux thés proviennent du même lieu et producteur. On voit comme l'ambiance générale qui s'en dégage est proche, alors qu'ils différent dans les détails.