Chroniques d’un anthropologue au Japon (16)

Publié le 24 août 2020 par Antropologia

Go to Okinawa (3)

Le 4 Août (suite)

Nous atteignons finalement Tokashiki. Arrivée à l’auberge à 17h, repas à 19h30. Impossible d’éviter la télévision, présente dans les deux pièces du réfectoire. Sur l’écran, Yoshimura, le préfet d’Osaka, maintenant élevé au rang de personnalité nationale, fait la promotion pour un désinfectant buccal, solution miracle contre la nouvelle grippe. Les journalistes filment ensuite les rayons des pharmacies en rupture de stock du dit produit. 1600 kilomètres en avion, 30 minutes de bateau, pour retrouver les mêmes discours sur une île de 739 habitants. La grande nation veille sur les plus reculés de ses concitoyens.

Le 6 Août

Deuxième jour de plage. Le ciel est magnifique. Nous décidons d’entreprendre la traversée de la baie pour atteindre l’île déserte locale. Mujinto en japonais. Une dizaine de petits magasins se disputent le même service : emmener les touristes jusqu’à l’île en « banana boat » une espèce de bateau gonflable, tiré par un Jet-ski. Nous choisissons la boutique la moins chère. 1500 yens la traversée, location du kit palmes/lunettes/tuba compris. La fille de la boutique encaisse, puis nous remet entre les mains d’un homme qui s’occupe du magasin voisin. Les mêmes services encore, à des prix différents. Anxieux. Je m’assure en regardant rapidement les pancartes, que nous avons bien fait la meilleure affaire. Satisfait. Quelques minutes plus tard, nous sommes sur notre île déserte, qui finira par être plus peuplée que la côte.

Pause bière sur la terrasse de la boutique qui nous a fait traverser. Sur le balcon, en face, une banderole.

Pour une reprise de l’économie locale !

Nous ne perdrons pas face au Corona !!

– Association des commerçants de Tokashiki –

Plus tard, des hauts parleurs dans le village et sur les plages annoncent solennellement :

Afin d’éviter la propagation du nouveau virus, portez un masque, lavez-vous les mains, évitez de sortir pour des raisons inutiles ou non urgentes.

Ni les touristes, ni les plongeurs, ni les commerçants ne semblent faire attention au message.

Le 7 Août

C’est la fin des vacances. Nous quittons Tokashiki, pour rejoindre Naha où nous prendrons l’avion à 13h15. Le métro qui mène à l’aéroport diffuse à chaque station une mélodie traditionnelle d’Okinawa. Ces mélodies, nous avions dû les supporter tout notre séjour, l’été 2019, lorsque nous étions restés sur Naha, sans pouvoir jamais embarquer pour Tokashiki. Elles sont maintenant plus ou moins synonymes de vacances ratées.

Rémi Brun