Magazine

Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 357

Publié le 24 août 2020 par Antropologia

Le marché du mercredi

Arles mercredi matin, c’est la fête ! Dès 7 heures, les marchands installent leur stand en face à face sur le large trottoir du boulevard Emile Combes. Chacun déballe sa marchandise : fruits et légumes plutôt exotiques et surtout bon marché. Le mercredi, les acheteurs ne sont pas les mêmes que ceux du samedi. Le samedi, c’est le marché du centre-ville, celui où l’on vient autant faire ses courses que se montrer et prendre le petit café au Waux-hall. Celui du mercredi, sur la ceinture extérieure de la ville, on y vient pour bénéficier du meilleur produit à un prix serré. La population y est variée : une plus jeune, féminine d’origine d’Afrique du nord avec des enfants en bas âge, une autre plus âgée, retraitée d’ici ou d’ailleurs. Le marché est leur lieu de retrouvailles, ils ne discutent pas au café mais les nouvelles se donnent directement au milieu de l’allée au détriment de la circulation … certains sous leur masque, d’autres le masque, obstinément relégué en protège coude…en ce début de mois d’Août, le sujet anime les conversations !

10 heures, la foule se densifie. Les camelots échauffent leur voix et vantent leur produit phare de la semaine. Une bonne majorité de la gente féminine est voilée et discrète, la minorité non voilée est insolente toute en couleurs. Une fois, les victuailles achetées, la déambulation se poursuit vers le bas du marché où les fruits et légumes laissent place aux vêtements et babioles. La démarcation des stands est de plus en plus nette : d’un côté ils regorgent de marchandises… de mannequins aux belles poitrines pour mettre en valeur les fanfreluches colorées, les cintres accrochés à toutes les baleines des parasols pour les T-shirts au slogan flashy, de l’autre bord, des stands sans parasol, ni cintres virevoltants au vent, avec juste le strict nécessaire : quelques têtes en polystyrène pour présenter leur hidjab aux couleurs sombres ou ternes, le reste des produits en file indienne sur l’étal, encore emballés dans les boîtes. Les femmes des deux mondes cohabitent très bien. Il n’est pas rare de les voir deviser gaiement en poussant la poussette de l’une des deux. Elles aiment finir de descendre le boulevard chacune le regard tourné vers les objets de convoitise autorisés : pour l’une les shorts effrangés et le t-shirt annonçant effrontément la couleur : « la reine des connasses », pour l’autre, le choix entre un voile noir ou kaki avec comme seule « folie » quelques paillettes autour du front.

A les voir descendre chacune le regard tourné de leur côté, je ne saurais dire laquelle des deux est la plus opprimée !

Virginie Perchais


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antropologia 111 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte