5 albums originaux (1992-2013)
Alain Jean-Marie: piano
Eric Vinceno: guitare basse électrique
Serge Marne: batterie (vol 1)
Jean-Claude Montredon: batterie (vol 2, 3, 4 & 5)
Lectrices Jazz, lecteurs Caraïbes, je m'en vais de nouveau chanter les louanges du pianiste français Alain Jean-Marie, né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 29 octobre 1945.
Quand un grand soliste américain était invité à venir jouer à Paris (avant que la pandémie de Covid 19 ne coupe les liaisons aériennes), il disait " Ok but I want Alain Jean-Marie on piano ". Comme me l'a dit un soir un patron de club parisien: " Alain Jean-Marie te rend un piano mieux accordé qu'il ne l'a trouvé au début du concert ". Le toucher, l'élégance, l'émotion à fleur de peau mais sans jamais s'étaler, un sens du rythme implacable sans jamais être lourd, voici ce qui caractérise le jeu d'Alain Jean-Marie, pianiste autodidacte qui n'a commencé à vraiment apprendre à lire une partition qu'à 73 ans, après 60 ans de métier.
Si Alain Jean-Marie est un excellent pianiste de Jazz, c'est dans la Biguine qu'il est Unique. J'ai déjà chanté sur ce blog, son portrait musical de la Guadeloupe, " " (2010) et le Tropical Jazz Trio (2019) avec Patrice Caratini (contrebasse) & Roger Raspail (Gwo Ka) .
J'ai aussi célébré un concert du trio Biguine Reflections en 2019. Ce trio existe depuis 1992. Avec le même pianiste, Alain Jean-Marie, et le même bassiste, Eric Vinceno, depuis le départ. Seul le batteur a changé. Serge Marne était présent sur le premier album en 1992. Depuis 1998 et le 2e album, Jean-Claude Montredon (1949), natif du quartier de la Batterie à Fort de France, Martinique, est assis solidement derrière la batterie du Biguine Reflections Trio.
Que jouent-ils? De la Biguine pardi! Une musique née dans les Antilles françaises et qui a conquis le monde. " Begin the Beguine ", chanson de Cole Porter (1935). Alain Jean-Marie a fait l'histoire de cette musique en jouant avec Robert Mavounzy (1917-1974) et Al Lirvat (1916-2007) dans les années 1960. Il les reprend mais à sa façon, avec toute son expérience du Jazz moderne et sa propre imagination. Il reprend aussi le Guyanais, de père Martiniquais, Henri Salvador (1917-2008).
Il joue enfin ses propres compositions comme " Haïti ", le seul morceau enregistré deux fois sur deux albums différents. Une première version figure sur le volume II, une deuxième sur le volume IV. Cf extrait audio au dessus de cet article. Pour ma part, j'estime qu'il a eu raison d'y revenir car je préfère la deuxième version.
Comment jouent-ils cette musique? Et bien, comme l'indique le titre " Biguine Reflections ", en réfléchissant cette musique et en y réfléchissant. Le trio la passe au filtre de ses émotions, de ses expériences, de ses réflexions pour en sortir la quintessence. La danse est toujours présente. Exemple avec " Antilope " d'Eric Vinceno (volume III " Sérénade ") qui bondit comme l'animal.
Vous pouvez aussi bien danser sur cette musique que l'écouter sagement en la méditant. Comme pour ce morceau en piano solo " Doubout ti mamanye " (Fred Desplands) sur le volume III (" Sérénade ").
Cette musique est faite d'aller et retours entre la Biguine de l'enfance antillaise et le Jazz de l'âge adulte à Paris. Ainsi " AJM Blues " d'Alain Jean-Marie (volume III " Sérénade "). Ces Antillais ont les oreilles et les esprits grand ouverts aux vents du monde. Diverses rivières alimentent les fleuves de musique qui coulent d'eux. Ainsi Alain Jean-Marie nous fait la surprise de conclure en solo et au piano électrique le cinquième et dernier album de la série " Tropical Blues " par un hommage à la Bretagne, ma terre natale, " Korigan's Love ". Il est vrai que quelques Bretons vivent aux Antilles.
Le coffret The Complete Biguine Reflections de Frémeaux regroupe ces 5 albums en 4 CD et vous permet, lectrices Jazz, lecteurs Caraïbes, de posséder chez vous un chef d'oeuvre inépuisable tant pour les mélomanes que pour les danseurs. Je rejoins ici un choeur de louanges puisque ce coffret est un MUST de TSF Jazz, un CHOC du Monde de la Musique, un Indispensable de Jazz News et un **** de Jazzman.
" Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de nous renvoyer notre image "
Jean Cocteau (1889-1963), premier Président de l'Académie du Jazz.
Le Biguine Reflections Trio d'Alain Jean-Marie respecte ce sage adage. Que les Dieux et les Muses le protègent!