Voir le jour, troisième long-métrage de Marion Laine, met en scène Sandrine Bonnaire en auxiliaire de vie dont le passé mystérieux va soudainement resurgir. Pour notre plus grand ennui.
Voir le jour est un projet modeste et moins fédérateur dans des salles de cinéma actuellement désertées. Après les réussites que furent Tout Simplement Noir, et Terrible Jungle, il était bienvenu de constater que notre cinéma hexagonal, en plus de son ambition, se portait bien. En l'absence de blockbusters estivaux, ces seules propositions étaient une raison suffisante de s'enfermer dans les salles de cinémas, même en plein été. Loin de ces projets, Voir le jour rejoint cependant Les Parfums, autre production bien de chez nous nettement moins ambitieuse et beaucoup plus télévisuelle.
Service inhospitalier
Voir le jour renoue ainsi avec la tradition d'un cinéma social ancré dans le réel. Le film prend pour décor celui d'une maternité marseillaise où derrière des conditions de travail pénibles, le destin de Jeanne, une aide soignante discrète se trouvera bouleversé. La métaphore entre la renaissance au milieu des nouveaux-nés était déjà assez évidente pour que Marion Laine vienne y greffer l'image des méduses à la truelle et un passé de rockeuse (subtilement illustré par un tatouage, une 1664 et des cigarettes) à une Sandrine Bonnaire aux abonnées absente, perdue par un personnage invisible dont les rares prises de paroles enverront tout droit le film vers le malaise.
Parce qu'on ne croit jamais à rien dans le troisième long-métrage de Marion Laine. Le récit maladroit de la réalisatrice fait patauger ses personnages, les rendant plus usuels que véritablement écrits. Son troisième film échoue ainsi sur tous les tableaux qu'elle s'entend nous conter : Du quotidien d'une maternité à celui d'une femme au passé ridiculement mystérieux, tout sonne miraculeusement faux derrière une mise en scène d'une impressionnante platitude envoyant directement le film dans les grilles d'un programme dominical de France Télévisions.
Une enfilade de clichés et des métaphores aussi lourdes qu'appuyées confèrent à Voir le jour un sentiment de malaise qui s'étend jusque dans ses dernières minutes. De quoi se demander tout simplement comment ce film a t-il pu voir le jour ?