Les habitants d’Amherst t’avaient surnommée « le Mythe »
Toi l’absente idéale
Toi que Dieu préférait entre toutes ses créatures
Pour ta haute solitude sans servilité
Pour ta connivence
Avec la Rose dans sa perfection
Rose que tu voyais chaque été de ta fenêtre d’outre-vie
Se défaire pétale après pétale
Dans l’attente de l’Ordre à venir
Et le règne de l’héliotrope de l’orchidée
Et de la violette
Fut consacré par ton corps recueilli
Toi dont l’unique titre de gloire ici-bas
Fut un second prix
Pour le pain que tu préparais
Dans la cuisine des Anges
Toi qui savais si bien troubler
Le fantôme du Jardin de Dieu
Par ta transparence
Penchée sur la chenille
Et la libellule
Avec l’attention sacrée que l’on accorde
À la nature vibrante
Et ta chambre où nul ne pénétrait
Était la chambre d’échos
Des fleurs choisies
Que tu avais désignées
Pour ton couronnement
Fleurs qui tiennent la conversation ultime
Avec la terre silencieuse
Une fois le cercueil descendu
Car le cortège invisible
Est toujours celui des Fleurs
Lorsque l’âme se rassemble
Pour le dernier départ
***
Yves Gosselin (né en 1959 à Sherbrooke, Canada) – Artificier de l’absolu, à paraître