Une âsana, une posture parfaite, peut aussi, lorsque nous la vivons dans le paradoxe de son immobilité vibrante, manifester cet ordre amoureux, nous le faire sentir au niveau du corps. Lorsque le chevalet du violon est déplacé d’un millimètre, le son en est cassé ; de même, dans l’ordre du corps, lorsque l’empilement vertébral se vit dans sa perfection, dans sa tension et dans sa détente maximale, il engendre cette sensation d’ordre amoureux, d’ordre parfait. Il y a dans le corps une sensation aussi fugitive que l’éclair qui nous met debout, tendu et frémissant, à en mourir presque, comme l’est la corde du violon dans la fulgurante évidence : un instant de cette divinité. Dans la parfaite ordonnance des vertèbres, des tendons, des nerfs, se reflète un instant l’ordre du cosmos, cet ordre amoureux. Le corps est cette œuvre d’un grand luthier qui aspire à la caresse de l’archet. (Ou cours-tu ? p.130)
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