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Fred Nardin trio en concert réel au Sunside

Publié le 11 juillet 2020 par Assurbanipal

Festival Pianissimo

Paris, Ile de France, France

Vendredi 10 juillet 2020, 19h30

Fred Nardin: piano

Romeo Tristao: contrebasse

Leon Parker: batterie

Parmi les 4 invités pour le morceau final, Olga Amelchenko (saxophone alto).

Bonne pulsation tout de suite. Je bats la mesure du pîed droit. Le pianiste est français, le contrebassiste portugais, le batteur citoyen des Etats-Unis d'Amérique. Tous vivent en France. Aucun n'a eu besoin de passer un contrôle aux frontières pour jouer ici ce soir. Mon premier concert de Jazz en vrai depuis le confinement se joue au Sunside comme le dernier, avant le confinement, le mardi 25 février 2020, avec Olga Amelchenko (sax alto).

Le trio tourne comme un seul homme. Ca pulse, vibre, pousse de partout. Nom de Zeus, ça joue! Cohérent comme un pack de rugby. Pas de solo. Le fluide sympathique circule sans cesse entre les 3 hommes. Une tension permanente parcourt la musique, s'accentue, se relâche au gré de leur fantaisie collective. La musique, c'est comme le sport et le sexe. Ain't nothing like the real thing, baby!Suite à la pandémie, le Sunside a dû diminuer le nombre de places assises. Plus de place pour les jambes. Les grands comme moi en profitent. C'était " Blue Chimneys " ( TS Monk).

" New Waltz " ( Fred Nardin). Après un morceau aux baguettes, Leon Parker a pris une baguette dans la main gauche et un balai dans la main droite. Puis il passe aux balais pour souligner la douceur et la souplesse de cette valse. C'est charmant mais un peu trop poli à mon goût. Le 1er solo est pour le contrebassiste. Pianiste et batteur jouent mezzo voce pour l'accompagner.

Retour aux baguettes. Le trio attaque direct. Ca file vite et droit. Fichtre, un jeune pianiste français qui swingue! Tout espoir n'est pas perdu. Il y aussi Marc Benham dans cette catégorie. Marc Benham jouera d'ailleurs au Sunside mardi 11 août à 19h30 & 21h30 dans le cadre du festival Pianissimo. 2e solo de contrebasse finement souligné par la pulsation continue des baguettes sur les bords de caisses et quelques légères ponctuations du piano. Le trio repart aussi sec. Breaks de batterie nerveux, rapides, qui relancent la machine. " The Giant " ( Mulgrew Miller).

" Lost in ? " . J'ai perdu le titre. Logique pour un morceau qui signifie perdu quelque part. Une composition de Fred Nardin je suppose. Une ballade. Batteur aux balais. je trouve le pianiste meilleur sur tempo rapide. Peut-être parce que je suis venu seul au concert. En effet, ça marche sur le couple de jeunes amoureux à ma droite. Ils s'embrassent tendrement. Que les Dieux et les Muses les protègent! 3e solo de contrebasse. Leon Parker maintient un tempo discret mais implacable. Le pianiste ponctue. Les notes bondissent souplement de la contrebasse.

Un petit air qui swingue bien.. Batteur,aux balais. C'est souple et chaud. Fred Nardin est vraiment meilleur sur ce genre de tempo, à mon goût. Leon fait taire sa cymbale d'une main. Un temps de silence et le trio repart tout en souplesse. Batteur aux baguettes. Souvenir d' Horace Silver dans le jeu funky du pianiste. Dialogue contrebasse - batteur aux balais. Le pianiste souligne par quelques notes distillées savamment. Du fond de la salle, j'entends des claquements de doigts. Pas de juke box ( " Je claque des doigts devant les juke box " . Serge Gainsbourg) mais c'est l'esprit de cette musique.

Première intro en piano solo. Les notes virevoltent. Le trio attaque. Ca ressemble à un classique du Be Bop mais comme s'il venait d'être créé en 2020. Breaks de batterie pétaradant sous les baguettes. Leon Parker revisite la batterie fanfare militaire à sa manière. Vrai solo de batterie qui dépote surtout sur les caisses. C'était " Voyage " de Kenny Barron précédé de " Lo Signore ".

" Don't forget the Blues ". L'intro en piano solo est aussi claire que le titre. C'est un Blues. Sur un tempo vif. Batteur aux balais. Ca avance bien. Fred Nardin est propulsé par un duo de feu, Romeo Tristao & Leon Parker. Leon Parker tapote ses baguettes l'une contre l'autre pendant le solo de contrebasse. Jeu de question réponse à 3. Ludique et énergique. Leon Parker se lève pour scatter pendant que piano & contrebasse poursuivent leur dialogue sur le thème. Puis il se rassied derrière sa batterie, martelant tambours et cymbales aux baguettes. Le trio nous propulse sur la crête de la vague. Bon surf mental.

Très pro, Fred Nardin lance son intro dans la vague de la fin des applaudissements. Pas de temps mort et cela permet de se mettre en place sans que le public ne s'en aperçoive disait Miles Davis, expert en la matière. Mon titre préféré de l'album " " de Fred Nardin, " In the Skies ". Cf extrait audio au dessus et vidéo en dessous de cet article. Je vois des nuages blancs passer doucement sur un ciel bleu, faisant varier la lumière solaire. Bref, je me sens bien avec cette musique. Leon Parker tient une baguette dans sa main droite et tapote de la main gauche sur la caisse claire ou sa cuisse. Le trio repart avec le batteur aux baguettes. Le ciel devient d'orage puis tout s'apaise. Un coup de vent a chassé les nuages noirs. Officiellement, je vis à Paris parce que mon travail s'y trouve mais le plaisir que je trouve ici et maintenant justifie à lui seul le séjour.

Pour finir, 4 invités surprise dont 3 femmes. Je n'en reconnais qu'une. Olga Amelchenko (sax alto). C'est elle que j'avais vu et entendu sur scène à Paris, au Sunside, le mardi 25 février 2020, pour mon dernier concert réel, avant le confinement. Je la retrouve pour mon premier concert réel à Paris, après le confinement, au Sunside justement. La boucle est donc bouclée.

Ce septet est le prochain groupe de Leon Parker comme leader. Il se tient debout sur la scène pour jouer des percussions avec ses mains sur son torse. Leon revient à la batterie. Un homme est aux percussions. 2 baguettes pour jouer de deux poêles à frire sur une table basse. Tel est le concept. En métal les poêles à frire. La fonte ne doit pas sonner correctement. 2 chanteuses dont une avec une maraca. Les 3 dames scattent ensemble même Olga qui finit par passer au saxophone. Le percussionniste ne me convainc pas mais Olga Amelchenko est toujours aussi belle à regarder qu'à écouter. Tout s'arrête pour un solo de scat et de percussions corporelles de Leon Parker. J'aimerais l'entendre dialoguer avec Médéric Collignon.

Voilà c'est fini. Ce concert méritait de faire un détour sur le chemin du retour entre mon travail et mon domicile adoré. Le trio de Fred Nardin tient sur scène les promesses faites dans son album " ". Il m'a déçu en bien, comme disent les Suisses.

Le festival Pianissimose poursuit à Paris, en France, au Sunside, jusqu'au lundi 24 août 2020. Avec notamment de nouveau le trio de Fred Nardin samedi 11 juillet à 19h30 & 21h30. Venez masqués écouter piano & forte, lectrices distinguées, lecteurs raffinés.


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