Jusqu'à la séparation du groupe, en 2002, Pulp a enregistré 7 disques, toujours intéressants, parfois brillants, mais Jarvis Cocker n'est jamais devenu Mick Jagger et il continua à se languir d'une gloire qu'il avouait candidement (une candeur roublarde, bien sûr) rechercher avidement. Après 2002, il a multiplié les tentatives en solo et les collaborations plus ou moins convaincantes. Et puis, voilà qu'il sort, comme un diable de sa boîte, un disque superbe, Beyond the Pale, avec une nouvelle formation qu'il a baptisée, avec son proverbial égocentrisme bonhomme, Jarv is.... On y retrouve tout ce qui faisait l'intérêt de Pulp, la folie en moins et la maîtrise en plus.
Beyond the Pale ne comprend que 7 morceaux, ce qui n'est pas plus mal car on en a soupé des groupes qui croient nécessaire de nous infliger des opus de 17 titres (dont 6 fonds de tiroirs et 4 versions "alternatives" complètement inutiles). Le disque est équilibré, cohérent, ce qui tient peut-être à sa genèse. Jarv is... a été créé à l'occasion d'une invitation adressée à Jarvis Cocker par Sigur Ros pour un festival en Islande en 2017. Il réunit alors une petite bande - la harpiste Serafina Steer, la violoniste et guitariste Emma Smith, le bassiste Andrew McKinney, le batteur Adam Betts et Jason Buckle aux synthés - et les morceaux vont être composés et affinés sur scène au fil d'une série de concerts.
Cela donne un album magnifique, mêlant électronique et envolées orchestrales, chant lyrique et spoken word (rebaptisé slam en France pour faire plaisir à Grand Corps Malade), centralité de la voix de Jarvis Cocker et surgissement des voix féminines. Pulp est mort, vive Jarv is...! En général vite oubliées dès la rentrée, les séries télévisées estivales ne sont jamais très passionnantes. Bâties sur des clichés manichéens qui permettraient prétendument aux téléspectateurs de s'y retrouver plus facilement parmi la kyrielle...