au-dessus des cornes venimeuses de la terre.
Il n’y a de paix qu’au-dessus des serpents de terre,
La terre est une grande bouche souillée,
ses hoquets, ses rires à gorge déployée,
sa toux, son haleine, ses ronflements quand elle dort
me triturent l’âme. Attirez-moi dehors !
Secouez-moi ! empoignez-moi, et toi terre chasse-moi.
Surnaturel, je me cramponne à ton drapeau de soie
que le grand vent me coule dans tes plis qui ondoient.
Je craque de discordes militaires avec moi-même,
je me suis comme une poulie, une voiture de dilemmes
et je ne pourrai dormir que dans vos évidences.
Je vous envie, phénix, faisan doré, condors…
Donnez-moi une couverture volante qui me porte
au-dessus du tonnerre, dehors au cristal de vos portes.
***
Max Jacob (1876-1944) – Sacrifice Impérial (Émile Paul, 1929)