Propos recueillis par Arnaud Gonzague
Ils nous défendent, nous nourrissent, nous font peur quelquefois, nous dispensent leur affection, leur sensibilité ou tout simplement leur poésie. Et pourtant, regardons-nous réellement les animaux comme il le faudrait ? La philosophe Vinciane Despret nous éclaire.
Ils sont, pour nous humains, l’autre par excellence, et pourtant, nous les aimons, même si nous ne savons pas exactement pourquoi, ni si nous le faisons toujours de la bonne manière. Comment penser le lien qui nous unit aux chiens, aux chevaux, aux cygnes des jardins publics, aux insectes qui nous font horreur ? Toutes ces questions, la philosophe Vinciane Despret les a longuement mûries et les partage avec sa gourmandise coutumière.
En moins d’un mois, un projet de référendum d’initiative partagée (RIP) sur la condition animale a rassemblé une centaine de signatures de parlementaires et trois quarts des Français s’y disent favorables. Cela a dû interpeller la spécialiste des animaux que vous êtes…
Je note en tout cas qu’un sentiment d’injustice envers les animaux qui, il y a encore quelques années, n’était vécu publiquement que par une minorité, est devenu collectif et consensuel. Jadis, quand on percevait une injustice (ce qui n’était, de loin, pas toujours le cas), on se disait souvent « c’est ainsi ». Le fait que celle-ci devienne intolérable indique que les hiérarchies (et l’idée de l’exceptionnalisme humain) sont en train d’être sérieusement remises en cause.