Hilaire Dumoulin documente le recul des glaciers depuis une soixantaine d’années. Le grand quotidien suisse romand “Le Temps” l’a suivi dans le vallon de Ferpècle en Valais. Dans cette vidéo, on découvre le photographe, au contact de ces géants en péril, qu’il photographie année après année.
Le photographe Suisse Hilaire Dumoulin a documenté l’important phénomène du recul des glaciers dans les Alpes. En 2010, j’écrivais cet article à propos du livre “Glaciers : passé-présent, du Rhône au Mont-Blanc” qu’il publiait alors en collaboration avec le glaciologue Amédée Zryd.
En 2010 également, le journal Le Temps relatait déjà la démarche artistique et le travail du photographe:
Chez le photographe des glaciers, il y a le devoir de mémoire. Plus concrètement, derrière les idéaux, il y a la technique. Durant les trois années de quête qui ont accouché du pavé – initié lors d’une rencontre avec Ivan Slatkine au Festival international du livre de montagne à Arolla où il exposait –, la méticulosité du travail comparatif in situ avec des photos anciennes s’est souvent heurtée à la rudesse de la montagne, à l’imprévisibilité de la météo.
Dix ans plus tard, Hilaire Dumoulin continue de photographier et observer cette nature en pleine évolution.
Ce livre est sans nul doute un ouvrage qui a su s’imposer comme une référence, notamment par la mise en scène réussie du phénomène très important de recul des glaciers.
Des photos comparatives illustrent cette situation dans nos montagnes, dont voici quelques exemples :
Le recul estimé du Glacier d’Aletsch (le plus grand des Alpes avec ses 81,7 km2) depuis 1850, date de la prise de vue en noir-blanc, est de 3,6 km en longueur et de 16,7 km2. L’impression de vertige, ici, ne vient pas des précipices de la montagne mais du vide laissé par la fonte.
Les dents acérées que le Glaciers des Bossons présentait en 1880 sont tombées au profit d’un tapis de forêt. Suspendu aux pentes nord du Mont-Blanc, le colosse prend naissance à 4810 mètres d’altitude.
(Collection privée/Hilaire Dumoulin)
Au pied du Breithorn, dans le massif du Mont-Rose, la mer de séracs déchaînée (1880) du Glacier du Gorner, s’est retirée, laissant la montagne orpheline, comme déprimée par la marée basse. Il faut désormais deviner la langue glacière, de 12,6 km tout de même.
En haut, du temps (1891) où le Glacier du Trient semblait encore sortir ses griffes pour vous arracher à vos rêveries de plaine. Aujourd’hui, la Pointe d’Orny lui fait désormais de l’ombre.
(Collection Médiathèque Valais/Hilaire Dumoulin)
Où est passé, aujourd’hui, le glacier qui s’étalait en puissance jusque dans la plaine de Gletsch, village imprégné par la glace jusque dans sa toponymie? L’œil averti le verra pointer timidement en amont de la falaise où il se confond avec la roche.
(Collection Alpine Club/Hilaire Dumoulin)
En haut de cette dernière image, en 1900, une interminable mer de glace qui coule dans les territoires reculés du Haut Val de Bagnes. Un siècle plus tard : à peine quelques gouttes de sucre-glace saupoudrent le flanc de la montagne. La grosse langue s’est retirée. Ottema se recroqueville vers l’est et a perdu 8,9 km2, soit 43% de sa surface.
A retrouver en librairie :
« Glaciers: passé-présent du Rhône au Mont-Blanc »
Hilaire Dumoulin, Amédée Zryd et Nicolas Crispini – Editions Slatkine.