Magazine France

Macron/Castex, le retour des branquignolles

Publié le 18 juillet 2020 par Juan
Macron/Castex, le retour des branquignolles

"Nous avons réussi à endiguer le virus." Qui pour endiguer le macronisme ? Cette forme d'incompétence, de politique de classe, et de réflexes archaïques ? Cette semaine, Macron s'est mis en scène pour le défilé du 14 juillet, un spectacle réduit et interdit au public, puis il parle à la télévision.

Devant l'Assemblée nationale, Jean Castex le nouveau premier ministre présente son programme - il répète le mot "territoires" si souvent que quelques éditocrates complaisants pensent qu'il a fait un programme. Sur le fond, cette équipe essaye de conserver la feuille de route initiale, tout en déminant les sujets sociaux les plus chauds. On retient son incompétence crasse sur le front sanitaire, un micro-plan de relance pro-patronal quand les consommateurs font défaut, et une diversion politique contre les "ennemis de l'intérieur".

Macron/Castex, le retour des branquignolles

" Ce 14 juillet est un peu particulier." Macron a raison. Son intervention publique se veut un " échange libre, ouvert contradictoire." Vraiment ? "Nous étions émus ce matin." Vraiment ?

Quand le journaliste de TF1 lui rappelle qu'on " a entendu des Français exprimer de la détestation à votre endroit," Macron avoue à demi-mot sa responsabilité personnelle ("j'ai laissé paraitre quelque chose que je ne crois pas être profondément"), pour mieux se réfugier dans l'habituelle parade - les Français ne l'auraient pas compris. Il insiste même sur la qualité de son bilan - il refuse de reconnaitre son échec depuis trois ans. "Et votre responsabilité à vous alors ?" La journaliste Lea Salamé se rappelle qu'elle a une carte de presse en osant relancer le monarque. Mais Macron accuse "le grand fracas du monde", et les "passions tristes" des Français. "Tout cela, vous en conviendrez, n'est pas un accélérateur de confiance".
Le fracas est-il plus grand que l'irruption du terrorisme islamiste dans les années 2000 jusqu'aux attentats de Paris en 2015 et Nice en 2016, ou la Grande Crise de 2008 ?


Macron excellent à se trouver des excuses. Le Nouveau Monde n'a jamais existé, son arnaque politique et marketing a fait long feu. On ne comprend qu'une chose, il va imposer le port des masques dans les lieux publics clos, mais à compter du 1er août seulement. Pourquoi attendre ? On ne comprend pas. Il explique qu'il avait besoin d'un nouveau premier ministre pour ce "nouvel élan", mais qu'il va conduire les mêmes réformes - même celle visant à réduire les retraites publiques. Macron n'explique pas pourquoi il lui faut 15 jours pour choisir des secrétaires d'État - manque de candidatures ?


Mais la pire des séquences, celle qui marque et qui occulte le reste du propos est son commentaire sur l'affaire qui secoue son nouveau ministre de l'Intérieur. La plainte pour viol d'une femme à qui il avait demandé une faveur sexuelle en échange d'un service professionnel qu'il pouvait lui rendre a été classée sans suite, mais la plaignante s'est obstinée, l'instruction est rouverte. Macron minimise - les faits sont anciens, la plainte a été classée ou sans suite (ce qui est faux), puis il lâche qu'il "a eu une discussion" avec son ministre. "Il y a une relation de confiance d'homme à homme".


En quelques mots, Macron endosse bizarrement la culture du viol: " La culture du viol est l'environnement social qui permet de normaliser et de justifier la violence sexuelle, alimentée par les inégalités persistantes entre les sexes et les attitudes à leur égard. La nommer est le premier pas à franchir pour la démanteler." (dixit ONU FEMMES). Macron laisse le problème politique entier.


Il n'explique pas, et aucun des journalistes ne l'interroge d'ailleurs, sur le sens politique à l'éviction de Castaner, N'Diaye, et Pénicaud.

Plus tard, revêtu d'un petit blouson en cuir prêt du corps, Macron est interpellé par des Gilets jaunes qui le huent, puis lui réclament la suppression des BRAV, les Brigades de répression des actions violentes motorisées dans les manifestations.

"
Vous êtes mon employé, monsieur le président" déclare l'un d'eux. "mais aujourd'hui, c'est férié", réplique Macron. L'échange est surréaliste.

Macron/Castex, le retour des branquignolles
  • Il reporte la réduction des indemnités des chômeurs à 2021.
  • Il suspend la réforme des retraites: on imagine le désarroi des fidèles soutiers de la Macronie. Des mois à répéter combien cette réforme, qui réduisait les pensions de tout le monde (sauf celle des flics), était "universelle, juste et belle". Ils mangeront leur chapeau - cette "belle réforme" est officiellement reportée sine die: "le Premier ministre a compris que la réforme des retraites a mis le feu aux poudres," commente son entourage. "Il est convaincu qu'il faut mettre fin aux régimes spéciaux. Mais est-ce l'urgence ? Non."
  • Mais il ne suspend finalement pas la suppression de la taxe d'habitation des foyers les plus riches, rare et maigre contribution à l'effort national initialement suggéré par Macron lui-même en début de semaine.

"Le discours radical affaiblit la démocratie" déclare Macron. C'est l'incompétence de Macron qui affaiblit la démocratie.


Premier exemple, vendredi, Darmanin et Schiappa réunissent tous les préfets de la République dans une grande salle, confinés, bien serrés, sans aucune distanciation ni aucun masque de protection. Sur Twitter, un médecin s'en inquiète: "pas de masque, pas de distanciation, c'est juste dingue."

Seconde incompétence, idéologique celle-là, le "plan de relance".

Il promet un plan de relance de 100 milliards, mais sur deux ans - soit environ 2% du PIB... Quelle relance ! Mais c'est surtout un plan pro-patronal qui laisse même dubitatif certains patrons inquiets de l'absence de débouchés: l'économie est à la peine car le pouvoir d'achat a été incroyablement dégradé par la crise. Le clan Macron reste aveuglé par un prisme idéologique libéral: le "plan de relance" est surtout un énième épisode de cette "politique de l'offre" qui vise à soutenir les entreprises mais pas les salaires ou la consommation: création de 300 000 emplois aidés (que Macron avait supprimés il y a 2 ans), réduction du coût du travail de 4.000 euros par an (prime ou exonération de cotisations) qui doit concerner chaque jeune de moins de 25 ans employé par une entreprise.


La réduction du coût de travail ne créé pas de marché ni de clients.

La troisième annonce de la semaine est plus ringarde et clivante, une belle diversion politique: l'appel de Castex à lutter contre les "terroristes, extrémistes, complotistes, séparatistes, communautaristes." La pandémie a ruiné l'économie car la France était désarmée en moyens sanitaires, elle a tué plus de 30 000 personnes, elle a démontré la faillite du discours et des actes de l'équipe libérale au pouvoir, elle a prouvé le courage et l'efficacité citoyenne des "gens qui ne sont rien" - soignants, manutentionnaires, livreurs, conducteurs, etc - . La seule injonction politique que trouve Castex à sortir est cette éructation contre "les ennemis de l'intérieur."

Ami macroniste, ne change rien.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte