Quelque soit son accoutrement, la pinup se reconnait à ce qu’elle son intention principale est d’en porter le moins possible : le fleuret, accompagné optionnellement du masque ou du coeur, va donc suffire amplement à habiller l’escrimeuse.
Article précédent : 2 Le coeur sur la poitrine
A qui le tour, couverture par Léonnec, Le sourire, 2 mai 1928 Key to my Heart, DeMartini, 1971s
Aux deux bouts de la série chronologique, elle s’exerce à faire des brochettes de coeurs.
Carte postale italienne, dessin H Clemency, 1910-20
Cette ancêtre des pinups souligne la supériorité de l’escrime sur le duel, de l’arbitre sur les concurrents, et des affaires d’amour sur les affaires d’honneur.
Escrimeuse,
Vers 1930, photographie de Franz Loewy
Le mystère, souligné par l’ombre cornue, est dans l’objet caché dans la main gauche. Il doit s’agit de la mouche qui protégeait l’extrémité du fleuret : comprenons que la lame est aussi nue que la dame.
L’actrice Joan Blondell, vers 1930 Couverture par R.A.Burley, PEP, 1933
Fred Cavens donnant une leçon à Jane Hamilton, 1935 Heremans entrainant des escrimeuses californienne, vers 1950, photo www.westcoastfencingarchive.com
Dans les années 30, la pinup découvre le short, anticipant de quelques années les vraies escrimeuses.
L’actrice Lillian Bond, vers 1938 Couverture de PEP, 1930
Elle confirme le vertu fortifiante du fleuret pour la poitrine.
Couverture par Enoch Bolles, Film Fun, octobre 1933
Elle révèle enfin son secret : le spectateur a aussi un petit coeur à piquer.
Escrimeur nu en perruque poudrée avec son épée, Bruce Sargeant, vers 1930, collection privée
L’escrimeuse
James Montgomery Flagg, 1938, collection privée
Certains artistes audacieux explorent le charme trouble des accessoires de théâtre : perruque, cape et bottes mousquetaire.
Vargas, 1942
Epreuve de fleuret (Foil Proof)
1942, huile de Gil Elvgren pour le calendrier de la Louis F Dow Company
La même année, les deux maîtres du style pinup mettent en concurrence libidinale la blonde glaciale et la rousse qui s’échauffe.
« Si vi e cara la pelle » (Si vous tenez à la peau)
Publicité pour les lames de rasoir Alita, Milan, date inconnue (1943-50)
Le slogan à double sens évoque la peau sensible du client ou bien celle de l’escrimeuse.
Carte postale anti-japonaise
Le fleuret comme arme de destruction massive.
Alfred Leslie Buell, date inconnue Fritz Willis pour Esquire Gallery, mai 1947
La paix revenue, l’escrimeuse peut servir à nouveau le sport…
Publicité pour Coca-cola, 1947
Publicités pour la crême à barbe Barbasol, 1949
… et les douces lois du commerce.
Bettie Page
Si le thème disparaît très vite aux USA, c’est parce qu’il est cannibalisé souterrainement par un même encore plus puissant, qui en reprend certains des codes sans s’embarrasser du coeur rouge. Mais ceci est une autre histoire.
Dessin de Brenot, 1950 Couverture de Nous Deux, numéro 301 du 1 trimestre 1953
On retrouve l’escrimeuse en France, petit retour sans lendemain.
L’actrice Barbara Darrow, 1955
Anonyme, années 50 Valarie French, 1 janvier 1956 publié par Columbia Pictures
De loin en loin, sa panoplie intéresse encore quelques starlettes…
George Petty, 1955
…ou un dessinateur retardataire.
1964, Late show vol 2 No1 1965. Alexandr Evgenievich Novgorodsky
Finalement, plutôt que de sombrer dans le vulgaire, elle choisit de passer à l’Est…
Andrey Tarusov, calendrier pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, 2016
…où on l’a encore aperçue récemment.
Fin d’une histoire ?
Le thème des femme combattantes a envahi universellement l’imaginaire des graphistes. Mais dans cette déferlante de lutteuses musculeuses, sabreuses galactiques ou cosplayeuses en armes, les simples escrimeuses sont rares. Ci-dessous une sélection parfaitement subjective :
Nina Modaffari, deviantart.com Blazbaros, deviantart.com
WingZeroGirl20, deviantart.com
Le Soleil et la Lune
Zylphiacrowley, deviantart.com
Une confrontation directe évitée
Publicité pour Byrrh, Georges Léonnec, L’Illustration, février 1932
Au final, les illustrateurs ne se risquent guère, autrement que sur le mode humoristique, à élucider le rôle de la femme à l’épée face à sa victime symbolique : l’homme dont la lame a flanché.
Duel entre le prince Demetri et la princesse Wanda,
Carte publicitaire pour la pièce « L’assassin », 1906
Cette pièce haletante et toute en finesse fut jouée au Royal Theatre de Melbourne en juillet 1906. Le mauvais prince Demetri veut épouser la princesse Wanda, qui préfère épouser un anarchiste. Lors du duel final, le méchant prince russe est pourfendu à la satisfaction de tous [11].
Emilia Clarke, photographie de Norman Jean Roy, Harper’s bazaar US , Juin/Juillet 2015
Un bon siècle plus tard, le sexe fort ne cherche même plus à se faire embrocher.