Sweet Touch au Quai de Courcy, Binic, le 7 août 2020

Sweet Touch au Quai de Courcy, Binic, le 7 août 2020

Binic, été 2020, pas de Morue en Fête, pas de Binic Folks Blues Festival, après l'annulation des Escales en mars, la vie culturelle a -t-elle complètement disparu du paysage du petit village médiéval?

Pas du tout, le Chaland qui Passe organise des concerts en terrasse et la mairie n'est pas en reste, animations en tous genres. En ce chaud vendredi, Carrousel Diogène et la municipalité proposent un concert ( gratuit) du trio Sweet Touch sur le Quai Courcy, face à l'Hôtel de Ville

La Touche Sweet est composée de deux chanteuses pas incompétentes, Clare Hine-Goubin ( born in Walthamstow, London) et Cécile Verdin ( psychanalyste et artiste du coin) et de Jean Zimmerman, homme à tout faire, passant du piano à la contrebasse sans oublier le body beating et les choeurs.

Ce dernier dirige de main de maître, depuis sept ans, le collectif Couleur Jazz, dans lequel sévit la pétulante Cécile.

Les trois protagonistes font aussi partie du quartet Eleio, dirigé par Anne Le Bot.

Clare se défoule avec Enchanted Swing ou Hine et Pénicaud, tandis que comme de La Fontaine, Jean conte et Cécile se joint au chef d'orchestre au sein de Lune de Jazz ou de Piece of Peace.

Bref, pas question de les ranger dans la catégorie tire-au-flanc.

Le concert est prévu à 18h, le retard sera limité au quart d'heure académique, mais il faut songer à garer le van et à enfiler une tenue qui fait moins vacancier au retour de la plage.

A 18:20', les voilà revenus en mode pink pour entamer l'aubade.

Fingersnaps et vocalises pour un premier et superbe titre a capella à trois voix, , en prêtant attention aux lyrics tu as cru entendre ring them bells, ce n'était pas la composition de Bob Dylan!

La blonde mais néanmoins non perfide Britannique décore le gospel d'un numéro de mute buccal trumpet, Jean, lui, nous gratifie de percussions corporelles, un final sifflement de crotale sournois ponctue ce morceau inaugural.

Le veston blanc passe derrière le piano pour la romance ' A kiss to build a dream on', enregistrée par Louis Armstrong en 1951.

Le jazz en France doit énormément à Claude Nougaro, Cécile, pas sa fille, nous propose le lumineux et fluide 'Eau Douce' , qu'on retrouve sur l'album posthume ( La Note Bleue) du Toulousain.

A nouveau en duo vocal pour succéder au doux poème, ' All around my hat', que tu connaissais dans la version de Steeleye Span, reçoit un traitement sobre et minimaliste élégant.

Clare a saisi un harmonium indien, nous livre un historique de l'instrument, avant d'attaquer le formidable ' Les Chenilles' de Nougaro, un texte qui demande des talents d'acrobate et un savoir-faire peu banal au piano.

Onomatopées et allitérations, Nougaro s'amuse , Binic retient son souffle, les masqués qui déambulent s'arrêtent, écoutent en oubliant leurs boules de pistache ou de vanille, puis applaudissent.

Jean abandonne le piano et relève sa contrebasse, le trio attaque ' Bring On The Wonder' que Susan Enan et Sarah McLachlan interprétaient dans la série ' Bones'.

Paraît qu'en anglais chair de poule devient goosebumps, sont drôles de l'autre côté de la Manche, personne ici ne viendrait prétendre it's raining cats and dogs...

Il en parcourt des kilomètres, Monsieur Zimmerman qui retrouve les touches pour emmancher la ballade 'La Valse des Lilas' de Michel Legrand, un autre grand compositeur/arrangeur qui nous a quittés en 2019.

Jazz time, vocalises, handclaps, contrebasse Charlie Haden, suivi d'un texte ( féministe) retrouvé sur la page facebook de la chanteuse danoise