J’ai souvent pensé que lorsque Hugues Aufray disparaîtrait, je me devrais de lui rendre hommage pour tout ce qu’il m’a apporté. La sortie de son album Autoportrait me donne l’occasion de ne pas attendre d’en faire un hommage posthume. Aufray est bel et bien vivant, plus que jamais. Dans un mois, il aura 91 ans… Il semble en avoir 19 ! Quel bonheur !
En réalité, Hugues Aufray n’a jamais été mon idole. Mais c’est lui qui m’a permis de découvrir la chanson et la guitare. À la fin des années 60, en pleine vague yéyé, il apportait un peu de contenu dans l’explosion de chansons de l’époque. J’étais chez les scouts et nos voix ont vibré avec nos guitares lors de feux de camp mémorables : À bientôt nous deux, Le bon Dieu s’énervait, Cauchemar psychomoteur, Ce n’était pas moi, Céline, Le cœur gros, Les crayons de couleur, Debout les gars, Dieu est à nos côtés, Guidez mes pas, Je reviens, Des jonquilles aux derniers lilas, Le joueur de pipeau, Le jour où le bateau viendra, L’épervier, N’y pense plus tout est bien, On est les rois, Le petit âne gris, Prière pour un spectacle, Quatre vents, Le rossignol anglais, Santiano, La soupe à ma grand-mère, Les temps changent, Y avait Fanny qui chantait… Toutes ces extraordinaires chansons que je connais encore par cœur et que je prends toujours plaisir à interpréter.
Il y en a deux, moins connues, mais qui m’ont toujours ému plus que d’autres : Ma guitare au saloir et Parle-moi de chez toi. Des chansons qui parlent d’émotion, de solidarité, de fraternité. C’est un peu tout ça aussi qui m’a construit.
Il a fait parfois un peu n’importe quoi et toute son œuvre est loin d’être immortelle. L’est-il lui-même ? Son album sorti ce jour est d’une énergie incroyable, la voix assurée, les guitares modernes, les chansons dans la veine de ce qu’on a toujours aimé chez lui… Quand on entend ça, on ne peut qu’attendre le prochain.
Décidément, Hugues restera encore longtemps au frais !