Depuis la parution du jeu culte Paper Mario: The Thousand-Year Door, les fans de Paper Mario n'ont qu'une envie: ravoir un jeu de rôle digne de ce titre datant de la GameCube. Or, depuis, Nintendo a amené sa série vers une tout autre direction, transformant Paper Mario en une franchise de jeux d'aventure. Pourtant, à chaque dévoilement d'un nouveau jeu de cette saga, ses amateurs espèrent qu'il s'agira du jeu de rôle tant attendu. Malheureusement pour eux, Paper Mario: The Origami King ne viendra pas répondre à leurs doléances, et ce, même s'il s'agit d'un excellent jeu en soi !
Disponible sur: Nintendo SwitchQuand origami devient synonyme de zombie
Comme la plupart des Paper Mario, " The Origami King" nous présente une histoire plutôt légère. Mario et Luigi reçoivent une lettre pour se rendre au château de Peach. Or, à leur arrivée, ils découvrent que le château est désert et entouré de rubans. Pire, ses habitants ont été transformés en origami, les faisant passer du 2D bien plat à un 3D zombiesque plié ! Aidé de nouveaux alliés, Paper Mario s'embarquera dans une nouvelle aventure afin de stopper la folie du sinistre roi Olly et réparer les nombreux dommages qu'il a causés.
Si l'histoire de base est on ne peut plus classique, The Origami King n'en demeure pas moins un jeu humoristique rempli de personnalité. Encore une fois, le studio Intelligent Systems a su créer avec brio un univers dans lequel on utilise le papier ainsi que le matériel de bricolage à toutes les sauces. De plus, certains personnages ainsi que divers événements risquent de vous surprendre. Sans vouloir vous dévoiler quoi que ce soit, des moments de l'aventure sont émotifs et risquent de vous faire ressentir de petites émotions.
La seule exception à cet univers attachant est Olivia, la sœur du grand méchant Olly. Faisant office d'alliée principale, elle vous accompagnera un peu partout et pourra vous prodiguer des conseils au besoin. Le problème est que sa naïveté ainsi que son immaturité tombent sur les nerfs. Non seulement parle-t-elle beaucoup trop, mais ses répliques sont bien souvent inintéressantes et juvéniles. Qui plus est, par son entremise, le jeu nous lance beaucoup trop de didacticiels. Vous aurez souvent l'impression d'être tenu inutilement par la main alors qu'on vous expliquera des mécaniques évidentes ou qu'on vous freinera dans votre exploration pour vous ramener vers un chemin tracé à l'avance. À la longue, ça devient lassant.
Pas le jeu de rôle qu'on attendait
Aussi bien le dire tout de suite: Paper Mario: The Origami King n'est pas le jeu de rôle que vous pouviez souhaiter. En fait, ce n'est carrément pas un jeu de rôle, mais bien un grand jeu d'aventure empruntant quelques éléments de jeu de rôle ici et là.
Il n'y a donc aucun système d'expérience, de sorte que Paper Mario ne monte pas en niveau. La seule façon d'améliorer le petit héros de papier est en trouvant des cœurs spéciaux qui accentueront sa vitalité ainsi que sa puissance de frappe. Les alliés que vous recruterez ne vous aideront que temporairement durant votre aventure et vous n'aurez aucun contrôle sur eux, surtout pas dans les combats.
Par ailleurs, hormis les bottes ainsi que le marteau de base de Paper Mario, les armes que vous trouverez ou achèterez auront une durée de vie très limitée. Après quelques combats, elles se briseront, vous demandant d'aller en acheter d'autres si vous désirez attaquer avec plus de puissance qu'avec vos deux armes de base. Ce n'est pas sans rappeler les collants de Paper Mario: Sticker Star ainsi que les cartes d'attaque de Paper Mario: Color Splash, ce qui n'est pas positif en soi.
Voyez donc que Nintendo et Intelligent Systems ont poursuivi dans la même veine que les derniers Paper Mario. Si vous espériez un nouveau jeu de rôle de l'ampleur de The Thousand-Year Door, vous serez amèrement déçu puisqu'il ne s'agit pas du tout du même style. En revanche, cela ne fait pas de The Origami King un mauvais jeu, loin de là.
Accepter le jeu d'aventure pour mieux l'apprécier
Lorsqu'on accepte le nouveau titre de la franchise pour ce qu'il est, il est difficile de ne pas succomber à son attrait. En effet, The Origami King est non seulement un jeu au visuel mignon et épatant, mais il s'agit aussi d'un jeu d'aventure très accrocheur dans lequel on ne voit pas les heures passer.
Chaque environnement de The Origami King est indépendant l'un de l'autre, certains étant bien plus massifs que d'autres. À cet effet, jamais un jeu de la franchise Paper Mario n'a été aussi gigantesque. Éventuellement, vous tomberez dans des décors si gros que vous aurez accès à des véhicules afin de les traverser. Même si on aurait souhaité que certains niveaux soient un peu plus garnis, ils n'en demeurent pas moins imposants et, surtout, fort bien développés.
Vous pourrez revenir dans chacun des niveaux du jeu comme vous le souhaiterez, l'univers de The Origami King étant un monde connecté par tous ces décors où se trouvent plusieurs raccourcis. Là où il devient particulièrement addictif de les explorer est au niveau de la panoplie de secrets qui s'y trouvent. Suivez mon conseil: frappez et sautez partout, il y a des éléments cachés à des endroits parfois inusités qui vous surprendront. Le plaisir de découvrir est omniprésent, et la gratification s'y rattachant ne fait que nous accrocher davantage à cette nouvelle aventure de Paper Mario !
Par ailleurs, vous aurez des éléments à découvrir dans chaque décor, dont des coffres, des blocs et des trous à remplir à l'aide de confettis. Si Paper Mario: Color Splash nous demandait de repeindre des surfaces avec un marteau magique, on a repris le même concept dans The Origami King en vous demandant de remplir des trous à l'aide de confettis. Vous trouverez et amasserez ces derniers un peu partout en les dénichant, en éliminant des ennemis ou bien en frappant des objets. Vous reconstituerez ainsi l'intégralité des décors et découvrirez bien souvent des passages qui vous mèneront vers des secrets.
Or, tout cela n'est rien par rapport au plaisir de découvrir les Toad. Ces derniers ayant été cachés par les sbires d'Olly, ce sera à vous d'aller les chercher dans les recoins de chaque environnement. Au total, ce sont des centaines et des centaines de Toad que vous aurez à découvrir de façons fortuites, inusitées ou encore par l'entremise de casse-tête ingénieux tirant pleinement profit des décors de papier. Les Toad secourus vous aideront de différentes façons, que ce soit en ouvrant des boutiques, en vous permettant d'accéder à des gadgets ou encore au sein des combats.
Bref, le côté exploratoire de The Origami King est sans aucun doute sa grande force. J'ai eu un plaisir contagieux à parcourir chaque environnement, désirant terminer chaque partie du monde à 100%. Même si cela peut parfois être fastidieux, tout découvrir est gratifiant et nous accroche un sourire au visage !
Un système de combat différent
Si vous avez visionné les bandes-annonces du jeu, vous savez probablement que le système de combat présenté est le principal point d'interrogation de plusieurs joueurs. En fait, jamais on a vu de telles mécaniques dans la série Paper Mario, voire même dans un autre jeu.
Grosso modo, une fois en combat, vous devrez aligner des ennemis en ligne droite ou bien en les regroupant en groupes de quatre. Pour cela, vous pourrez bouger des quarts de cercle avec un nombre limité de mouvements ainsi que dans un temps imparti. Si vous alignez et/ou regroupez des ennemis, votre puissance d'attaque sera multipliée de 1,5. En somme, aligner et regrouper des adversaires représente un casse-tête perpétuel ainsi que l'élément tactique de tout combat avant que chaque parti puisse attaquer.
Contre les boss, le système de combat est différent. Le jeu devient plutôt un parcours sur lequel il faut guider Mario à l'aide de flèches se trouvant sur la surface de jeu. Vous devrez donc bouger les cercles afin d'orienter Mario vers une case finale où il pourra attaquer ou effectuer une autre action. À noter que tout comme dans les combats normaux, les Toad secourus pourront vous venir en aide une fois par combat moyennant une somme d'argent. De ce fait, ils pourront bouger les cercles une fois pour vous orienter et potentiellement attaquer vos ennemis, voire même vous soigner.
Ceci dit, même si le système est étrange lors de nos premiers combats, on s'y habitue plutôt rapidement. Au départ, le jeu y va doucement, question de nous familiariser à ces mécaniques plutôt originales. Puis, alors qu'on pense que le jeu ne pose aucun défi, le tout devient plus ardu avec des dispositions d'ennemis plus complexes et des adversaires plus coriaces. Qui plus est, certains boss vous donneront du fil à retordre, chacun ayant sa propre façon d'attaquer et donc d'être abordé. The Origami King peut paraître enfantin et sans difficulté de prime abord, mais vous verrez que le tout se corse plus vite qu'on ne le croit !
Le retour du talon d'Achille
Malheureusement, autant les combats sont originaux, autant ils représentent la principale lacune de The Origami King. Je comprends qu'on tente d'amener de nouvelles idées dans la franchise avec chaque nouveau jeu, mais depuis les derniers opus, les combats de Paper Mario sont devenus son talon d'Achille.
Le problème est que les mécaniques deviennent redondantes, ennuyantes et parfois frustrantes. Jusqu'à ce qu'on trouve des cœurs augmentant la puissance de Mario, l'essence des combats repose sur l'alignement et le regroupement des ennemis. Si vous échouez à le faire, vos attaques seront automatiquement handicapées. Cette réalité se perpétue, recommençant lorsqu'on passe à un autre décor alors qu'on venait à peine d'augmenter la puissance de notre héros. Qui plus est, certains combats de boss sont totalement déséquilibrés, étant injustement difficiles non pas pour des raisons tactiques, mais bien parce que certains ennemis auront des avantages malhonnêtes.
Par ailleurs, bien vite, on se rend compte que les combats ne sont pas si utiles puisqu'ils ne servent pas à améliorer Mario. En fait, les combats seront la principale façon d'accumuler de l'argent. Certes, vous en trouverez en explorant, mais ce ne sera pas assez. Vous devrez impérativement vous battre pour en amasser assez afin de couvrir vos dépenses ou bien pour vous donner certains avantages en combat. Or, ça ne remplace pas la gratification liée à l'amélioration d'un personnage. Même s'il devient possible d'éliminer les ennemis dans les décors simplement en leur sautant dessus ou en les frappant selon la force de Mario, j'avoue avoir volontairement cherché à éviter des combats tant je les trouvais futiles. Dans une aventure où les combats prennent une place relativement importante, ce n'est pas normal.
Devriez-vous y jouer ?
Paper Mario: The Origami King n'est pas le jeu tant souhaité par bien des fans de la franchise. En effet, ce n'est pas un jeu de rôle et ce n'est pas le jeu présentant des mécaniques de combat suffisamment convaincantes pour qu'elles soient réutilisables à l'avenir. Or, ça n'en demeure pas moins un solide jeu d'aventure avec lequel j'ai eu beaucoup de plaisir. Parcourir les décors, dénicher les secrets et être ébahi par la créativité présente au sein des environnements ont fait de mon aventure une expérience fort agréable. Ce n'est peut-être pas le jeu qu'on attendait, mais c'est bien correct ainsi !