L'oeuvre d' Elizabeth MBITJANA est représentative de l'école de peintres d'Utopia où les femmes ont toujours joué un rôle moteur : à l'origine, en effet, Utopia s'est constituée à partir d'une coopérative féminine de batik sur soie - technique consistant à appliquer de la cire sur un support textile qu'on va ensuite teindre.
Cette technique importée d'Indonésie servait initialement à décorer des tissus vestimentaires mais peu à peu elle s'autonomisa et donna lieu à de véritables œuvres d'art dont une première exposition présenta, en 1988, 88 pièces parmi lesquelles le Rêve de l'Etoile du matin mettant en scène deux grands ancêtres à l'origine de la création des étoiles.
Ici, l'artiste évoque plus précisément la légende du prunier sauvage (l'änookitja, en dialecte aborigène, et " bush plum " en anglais), dont elle est à la fois l'héritière et la responsable religieuse. Selon cette légende, de Grands Ancêtres sortis du magma originel créèrent, sur le territoire clanique d'Elizabeth MBITJANA, un point d'eau appelé Arlperre, qui existe encore de nos jours. C'est dans ses alentours que poussèrent les premiers pruniers du désert, qu'hommes et femmes du clan de l'artiste viennent encore en récolter les fruits.
L'artiste a méticuleusement apposé des pointillés de multiples couleurs sur un fond noir qui symbolisent les prunes. Cette technique que l'on nomme le dot painting, ou pointillisme, est héritée des peintures cérémonielles sur sol où les pointillés étaient utilisés pour souligner le contour des objets représentés.
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