Magazine Conso
Avant de partir en Australie, j'avais discuté avec, ou entendu parler, de plusieurs personnes qui étaient parties en Australie. La plupart partaient avec pour projet de vivre une aventure de plusieurs mois voir années. D'autres, étaient malheureusement rentrées plus tôt que prévu car elles avaient le mal du pays. Honnêtement je ne comprenais pas du tout ce qu'était ce mal du pays.
Comment on pouvait mettre fin à un projet aussi grand parce que notre pays nous manque? On a l'ambition de partir découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, apprendre une nouvelle langue, et on serait prêt à renoncer à tout ça parce qu'on a le mal du pays? J'avoue avoir limite trouvé ces personnes un peu faibles, sans réelle force de volonté.
Et pourtant...
Je me suis toujours considérée comme une personne plutôt indépendante. J'ai appris à vivre loin des choses ou personnes à qui je tiens. Étant franco-argentine, je suis fière d'être argentine, une partie de ma famille habite là bas, et pourtant j'ai du apprendre à vivre sans, ou du moins de les voir qu'occasionnellement. C'était quelque chose de naturel pour moi vu que j'ai grandi dans cette situation. J'ai également déménagé à l'autre bout de la France pour mes études en ne voyant ma famille qu'occasionnellement et cela ne m'a pas du tout dérangé. C'était pour moi le cours de la vie.
Je pense d'ailleurs que c'est pour ces raisons là que je n'ai jamais pris au sérieux ce fameux mal du pays. J'ai vécu de nombreuses années loin de ma famille, dans une région où je ne connaissais personne en arrivant. Donc aller en Australie, retrouver mes soeurs en plus, ça devait se passer comme une lettre à la poste.
Enfin, c'est ce que je pensais...
On est arrivés en Australie, en pleine période de bushfire donc ce n'était pas forcément évident de passer du temps dehors. En plus de ça, notre priorité était surtout de s'installer et de trouver du travail au plus vite. Une fois qu'on a trouvé un certain rythme professionnel, qu'on allait enfin pouvoir un peu plus profiter du pays vu qu'on gagner enfin des sous, le Covid-19 a fait son apparition, nous confinant à la maison puis même nous conduisant à perdre notre emploi.
Je me suis donc retrouvée coincée dans notre appartement, à l'autre bout du monde, avec nos économies qui partaient dans le loyer et diminuaient au fur et à mesure que les semaines passaient. On ne pouvait pas sortir donc forcément on ne pouvait rencontrer personne du pays et s'intégrer un petit peu ici. Heureusement, je suis en coloc avec mon chéri et ma petite soeur donc je ne suis pas toute seule. Mais le temps était très long, la vie en France commençait tout doucement à vraiment me manquer. Mais à la limite, je me disais que c'était pour tout le monde pareil. Si j'avais été en France, je n'aurais pas non plus pu voir du monde.
Le temps passe, le confinement prend fin, et je n'ai toujours pas de travail. Beaucoup de temps libre mais pourtant plus du tout de sous pour profiter. Il faut savoir qu'ici tout coûte une fortune, les courses, le taxi... si je veux ne serait-ce que bouger un peu c'est pratiquement $50 à chaque fois. Les journées s'enchaînent et se ressemblent toutes. On est loin de la vie Australienne que j'avais imaginé. En plus l'hiver est là, il fait nuit à 16h et un froid de canard. Génial... Les gens me manquent, sortir boire un verre avec les copains, danser, m'amuser! Heureusement Max ne bosse que le soir donc je peux au moins passer une partie de la journée avec lui, sinon je passerais littéralement mes journées toute seule.
J'ai enfin retrouvé un travail donc je me dis que ça sera de nouveau plus facile de profiter, de faire des sorties, et surtout de s'enlever la pression financière. Mais c'est un travail à domicile donc ce n'est toujours pas ça pour faire des rencontres. Moi qui aime tant rigoler avec mes collègues.
Ça a toujours été difficile pour moi de faire des rencontres. Je suis quelqu'un d'hyper introvertie. J'ai beaucoup de mal à faire le premier pas quand je pars de rien. C'est bizarre, je n'ai pas peur de parler aux inconnus en soi, j'aime bien rencontrer de nouvelles personnes, aller vers les gens, mais seulement une fois que je sais que j'ai mes amies avec moi. Me retrouver toute seule quelque part, genre soirée, réception ou quoi, c'est ma hantise. Et ici je n'ai pas le choix. Bien sûr je rencontre les amis de ma petite soeur donc ça aide, mais ça reste ses amis, c'est plus difficile de se faire son cercle d'ami.
La difficulté aussi qu'on a en tant qu'étranger, c'est qu'on a pris la décision de vivre en appartement entre nous et non d'habiter dans une auberge de jeunesse par exemple. Du coup on ne vit pas non plus l'aventure comme de vrais étrangers, avec la possibilité de faire facilement des rencontres entre nous. On est un peu isolés des étrangers, sans pour autant avoir déjà des amis sur places.
Tout ça fait qu'il y a des moments où le moral n'est pas au plus fort. Mes amies me manquent, mes sorties avec Paupau, voir mes copines et leurs nouveaux bébés, mon appartement, mes habitudes, ma vie d'avant quoi... Sans oublier mes chats dont j'ai du me séparer pour venir ici et qui me manquent terriblement. Je ne suis pas partie de Caen parce que je n'aimais pas ma vie là bas, mais au contraire, parce que je me sentais tellement bien que je me suis sentie prête à tenter l'expérience ailleurs. Je suis partie avec des souvenirs et de belles rencontres plein le coeur, mais c'est aussi ce qui fait que ça me manque autant.
Je sais que peut-être que la situation n'aurait pas été si bien que ça en France non plus avec le confinement et tout. Mais le fait est que tout ce confinement, pour moi, il est associé à l'Australie, vu que je n'ai connu que ça ici. Les journées sont longues et parfois pleine de solitude. Ce voyage me donne un goût amer. Alors je ne sais pas si c'est ça que l'on appelle le mal du pays, mais en tout cas je n'aime pas cette sensation. On a l'impression qu'on est tout le temps sur le point de pleurer, les larmes ne sortent pas mais pourtant on est triste.
Enfin bref, je ne pense pas que je me sois déjà montrée aussi négative sur le blog. J'essaie toujours de garder ça pour moi. J'écris beaucoup dans ces moment là, ça me fait beaucoup de bien, mais je ne publie jamais. Trop de pudeur, de fierté. Tout ce que je sais, c'est que d'en parler me permet de l'extérioriser. D'en prendre pleinement conscience et donc de chercher les solutions pour y remédier. Alors je ne m'inquiète pas, je sais que ça ira mieux. Et puis surtout tout n'est pas noir non plus, j'ai pu retrouver ma petite soeur après de nombreuses années sans vraiment se voir, je suis ici avec mon chéri pour une belle aventure en amoureux, Bahïa est là aussi. Je ne suis pas a pleindre!