La démission du gouvernement n’apaisera en rien la détermination du peuple. Chacun le sait: les puissances occidentales, et tout particulièrement la France, ont soutenu à bout de bras les caciques du pouvoir. Ce peuple n’aspire qu’à une chose: reprendre son destin en main.
Le Liban s’enfonce donc dans une crise politique d’une ampleur considérable et il y a tout lieu de penser que la démission du premier ministre libanais, Hassane Diab, et de tout son gouvernement, n’apaisera en rien la détermination du peuple. Une semaine après, l’onde de choc de l’explosion devient révolte. «Une explosion si assourdissante, selon les mots du dramaturge Wajdi Mouawad, que ce qui a explosé le 4 août à Beyrouth n’est pas seulement un stock de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, mais aussi toute la colère contenue dans le cœur de 15 millions de Libanais.» Dans son discours de renoncement, Hassane Diab est d’ailleurs passé aux aveux. Non seulement il a rendu la «classe politique traditionnelle» responsable de ses échecs, mais il a fustigé la «corruption» ayant conduit à «ce séisme qui a frappé le pays». Un moment de lucidité, certes. Mais après?
À l’étape actuelle, nous avons besoin d’une bonne dose d’optimisme pour imaginer que l’horreur de la situation se transforme en levier pour renverser le cauchemar. Et pourtant. Alors que de sombres manœuvres politiciennes sont à l’œuvre pour que la classe dirigeante – au sens large de l’expression – continue de tenir les rênes du pays du Cèdre, les Libanais de la société civile entendent décider eux-mêmes des réformes nécessaires à la survie de leur nation, qui se trouve dans une situation de faillite, avec à sa tête, depuis si longtemps, des gouvernants corrompus qui ont siphonné les richesses et organisé l’évasion fiscale.