Confinement imposé à domicile, pénurie de masques, ruée dans les supermarchés…La crise sanitaire du coronavirus a pu entraîner, entre autres conséquences, une véritable prise de conscience chez certains Français de leur niveau d’impréparation en cas d’événement grave. C’est sans doute la raison pour laquelle il est possible d’observer aujourd’hui une montée en puissance du mouvement survivaliste, notamment sur les réseaux sociaux.
Un intérêt croissant pour le mode de vie survivaliste
Dès le mois de mars 2020 et le début du confinement généralisé imposé à la population, de nombreux internautes semblent avoir conjuré leur sentiment d’impuissance en se documentant sur les techniques de survivalisme et en rejoignant des communautés en ligne spécialisées dans ce domaine.
Le groupe Facebook « Survivalisme en France« , déjà riche de 15 000 membres, a ainsi accueilli pas moins de 1 000 nouveaux adhérents en l’espace d’un mois seulement. Même constat concernant le groupe des « Survivalistes francophones« , qui a connu une croissance spectaculaire de 14,3 % en un mois. Une chaîne Youtube spécialisée comme Primitive Technology, enfin, revendique 10 millions d’abonnés et 900 millions de vues depuis sa création en 2015 et connaît une croissance continue de son audience.
Ces nouveaux survivalistes n’ont pas manqué de traduire leur intérêt naissant par des décisions concrètes, et ont commencé à s’équiper en conséquence. Le site de e-commerce spécialisé survivre.com a enregistré ainsi un doublement de la demande pendant le confinement par rapport à une période d’activité normale, et une augmentation forte de son chiffre d’affaires : des rations de survie aux systèmes de filtration d’eau potable, beaucoup de Français veulent désormais être « prêts » en cas de nouveau coup dur.
Une tendance de fond depuis les années 1960
Les survivalistes, ou « preppers » de l’autre côté de l’Atlantique, n’ont certes pas attendu la prolifération d’un virus venu de Chine pour s’organiser et apprendre à faire face à toute éventualité. L’origine trouble du mouvement remonte aux années 1960, à l’époque où Kurt Saxon, ex-membre du parti nazi américain, en pose les premiers fondements.
L’objectif est alors essentiellement de se prémunir en cas de conflit nucléaire mondial mais aussi en cas d’immigration massive en provenance d’Amérique latine, via la construction de bunkers souterrains parfois très élaborés et permettant une autarcie parfaite pendant plusieurs années.
Le mouvement a depuis évolué de façon considérable, et les « néosurvivalistes » ont adopté de nouveaux modes de réflexion et de collaboration. Selon le sociologue Bertrand Vidal, auteur de Survivalisme : êtes-vous prêt pour la fin du monde ?, le survivalisme est moins centré sur la fin du monde et davantage sur la préparation à des crises chroniques, dont par exemple une coupure générale d’électricité, une catastrophe écologique ou bien sûr une crise de nature sanitaire.
La philosophie de base, cependant, reste la même et se fonde sur un désir d’autonomie et sur la capacité à pouvoir compter sur soi-même lorsque tous les mécanismes habituels de la vie en société s’effondrent.