C’est grâce à la Newslettter de Babelio que j’ai découvert « Jeux de dames » d’André Buffard. J’ai tout de suite été très intriguée par ce roman judiciaire écrit par un avocat pénaliste connu pour sa défense de grands dossiers comme, entre autres, ceux de Carlos, de certains membres des Brigades Rouges, de Jean-Claude Romand, de membres d’Action Directe, etc.
En tant qu’avocate, moi-même passionnée de littérature, ma curiosité a, naturellement, été d’autant plus attisée. J’avais hâte de découvrir la plume d’André Buffard afin de savoir comment sa connaissance du milieu judiciaire allait venir enrichir son récit…
Le livre : « Jeux de dames »
Crédit photo : L&T
L’auteur : André Buffard est un avocat français inscrit au barreau de Saint-Étienne depuis 1972. Il est intervenu dans plusieurs grandes affaires comme celles des « disparus de Mourmelon » ; de Jean-Claude Romand (le faux médecin de l’Ain, auteur d’un quintuple meurtre) ; des Brigades rouges ; du groupe Action directe. Il a également été l’avocat du terroriste Carlos. André Buffard a participé à de nombreuses émissions comme « Faites entrer l’accusé » ; « Enquêtes criminelles » ; ou « Secrets d’Actualités ». « Le jeu de la défense » est son premier roman et « Jeux de dames » sont second.
Le résumé : « David Lucas, avocat pénaliste renommé qui exerce au Barreau de Lyon, reçoit ce matin-là aux aurores, un appel de policiers qui viennent de mettre en garde à vue une personne qui le sollicite pour sa défense. À sa grande surprise, il apprend qu’il s’agit de son assistante, Dolorès, soupçonnée de complicité d’assassinat dans le cadre de l’homicide dont a été victime son mari plusieurs années plus tôt. L’affaire a été rouverte à la suite d’une dénonciation anonyme, en dépit du fait que l’auteure présumée avait à l’époque reconnu les faits et depuis été condamnée. Dans le même temps, il est saisi d’une affaire qui défraye déjà la chronique : le meurtre dans un Relais et Châteaux des alentours de Lyon d’un agent de joueurs très connu ».
Mon avis : Si j’ai, globalement, passé un bon moment en la compagnie de Me David Lucas, protagoniste (j’imagine légèrement autobiographique) principal de « Jeux de dames », j’avoue tout de même ressortir un peu mitigée de ma lecture.
Commençons par les aspects positifs, le principal étant bien sûr le réalisme de l’histoire. Avec ce roman, le lecteur ne plonge, pour une fois, pas du côté des enquêteurs chargés de l’affaire, mais du côté de l’avocat de la défense aux stades préliminaires au procès pénal (la garde à vue et la phase de l’instruction judiciaire). C’est rare qu’un ouvrage nous présente ce point de vue et, ne faisant pas de pénal, j’ai aimé en apprendre davantage sur la façon de traiter un dossier à ces étapes essentielles de la procédure. André Buffard met en lumière les relations particulières que les avocats entretiennent avec leurs clients, ainsi que la vie au sein d’un cabinet. Il répond, en outre, à des questions que nombre de personnes se posent concernant les avocats assurant la défense de personnes considérées, selon l’opinion publique, comme des « monstres ».
Le roman traite de deux affaires sur lesquelles Me Lucas travaille en parallèle et, cette fois, les deux le touchent au plus près. Il est donc plus difficile pour lui de garder ce fameux recul dont il se targue avoir concernant ses clients disons « habituels ».
En effet, c’est son assistante juridique, celle avec laquelle il travaille depuis de nombreuses années et sans laquelle la vie du cabinet s’arrêterait, qui est accusée d’avoir joué un rôle actif dans le meurtre de son mari afin de percevoir l’assurance vie contractée en sa faveur. Au fur et à mesure on comprend que ce dossier présente de nombreuses ramifications et impacte bien plus de personnes que l’on aurait pu initialement penser. La réouverture de l’enquête s’avérera même dangereuse pour l’ensemble des personnes entendues.
La seconde affaire concerne, quant à elle, la mort d’un ami perdu de vue de Me Lucas, un agent sportif bien connu dans le milieu du football professionnel.
Tandis que j’ai assez rapidement été prise par le déroulé de l’enquête concernant la première affaire, j’ai trouvé celle de l’agent sportif de trop. Cette dernière n’apporte pas grand chose à l’histoire et est traitée assez rapidement au regard de l’autre enquête. Je n’ai pas bien compris ce choix de s’intéresser à ces deux affaires alors que plus de détails auraient peut-être pu être apportés en se focalisant sur une seule.
Par ailleurs j’ai été un peu dérangée par les personnages féminins de ce roman qui sont essentiellement décrits par leurs caractéristiques physiques. Me Lucas (et sans doute André Buffard) aime les femmes fatales on a compris, mais leurs seuls attraits semblent finalement se réduire à leur plastique de rêve et leurs petites réparties équivoques… On découvre un personnage un peu macho, qui ne se livre pas sur ses sentiments (et qui, à certains moments de l’histoire, ne semble même ne pas en avoir du tout) pour les personnes qu’il côtoie pourtant quotidiennement. J’ai eu du mal avec cette image de « vieux de la vieille » tombeur de ces dames et grand avocat aux honoraires « pharaoniques » (selon les termes empruntés à André Buffard).
Pour le reste, le rythme est fluide et l’intrigue, quoique parfois un peu tirée par les cheveux, prenante.
En bref : un roman agréable à lire et intéressant pour découvrir le point de vue d’un avocat sur la réalité du métier, son évolution et, plus généralement, le monde judiciaire. Pas un coup de cœur non plus, j’avais peut-être trop d’attentes sur ce livre…
Vous avez envie de découvrir ce roman ? Vous connaissiez l’avocat André Buffard ?