Merci aux Editions Les Escales pour l’envoi de ce roman aux couleurs de l’Italie qui m’a fait voyager le temps de quelques jours.
Le livre : « La liberté au pied des oliviers«
Crédit photo : L&T
L’autrice : Rosa Ventrella est une romancière Italienne. Elle a travaillé comme éditrice et journaliste et a animé des ateliers d’écriture créative au Centro Provinciale Istruzione Adulti della provincia di Cremona.« La liberté au pied des oliviers » est le second roman qui est publié en français. Pour la suivre c’est ici !
Le résumé : « Dans le sud de l’Italie, deux fillettes grandissent à la merci des sursauts de l’histoire et des injustices liées à leur condition. Italie, années 1940. Dans le sud du pays, âpre et rural, grandissent deux sœurs que tout oppose : Teresa, délicate et silencieuse et Angelina, sa sœur cadette, impertinente et curieuse. Pour échapper à la pauvreté et subvenir aux besoins de sa famille, leur mère, dont la beauté fascine tant qu’elle en devient une malédiction, cède à un terrible compromis et tombe sous la coupe du baron Personè. Tout le village se met alors à bruisser de la nouvelle… Les deux sœurs, marquées par les choix et les obligations de leur mère, emprunteront à leur tour leur propre chemin et tenteront, à leur façon, d’inventer leur liberté ».
Mon avis : Ce roman est le premier que je lis de Rosa Ventrella et je suis immédiatement tombée sous le charme de son écriture. La lecture est fluide et très poétique. L’autrice manie avec beaucoup d’élégance l’art des belles lettres. Sa plume imagère nous transporte immédiatement au cœur des paysages arides des Pouilles, sous des ciels d’encre parsemés d’étoiles. Les pages se tournent et on y entend le grigri des criquets, on y sent le parfum des olives qui mûrissent au soleil.
« La liberté au pied des oliviers » nous conte, à la façon d’un récit murmuré avant de se coucher, l’histoire des membres d’une famille, les Sozzu, des années 1940 à nos jours : la seconde guerre mondiale, la douloureuse survie d’une mère et de ses deux jeunes filles en l’absence de son mari, le trauma qui accompagne le retour des vétérans, et la vie d’après qui réserve également son lot de soucis.
C’est Teresa, l’aînée des sœurs Sozzu, qui nous raconte l’histoire dans l’Histoire. Elle revient sur les souvenirs de son enfance et tente de mettre des mots sur les cicatrices. Le récit a une dimension cathartique. On y découvre la relation complexe existant entre Teresa et sa cadette, Angelina, durant leur enfance puis leur adolescence. Deux sœurs opposées sur bien des points, mais pourtant soudées par le sang et l’amour tumultueux qu’elles se portent.
Angelina, tout comme sa mère, est d’une beauté saisissante et c’est cet attrait, cette « malédiction » comme l’appelle Mamie Assunta, qui va être la source de douloureuses complications. La jalousie (de Teresa d’abord, des femmes du village ensuite), la malveillance, le désir des hommes vont s’employer à déchirer cette famille initialement unie.
Dès le début de la lecture, on sait en effet qu’un drame a eu lieu, qu’il ne s’agira pas d’une histoire légère avec un « happy end ». Malgré des bulles de bonheur, cette atmosphère lourde de non-dits, de regrets et de douleurs plane sur les mots envoûtants de Rosa Ventrella.
On assiste, impuissants, à la pauvreté des habitants de cette région de l’Italie qui n’ont plus rien et à qui les hommes de main du baron Personè continuent pourtant de tout prendre. Cette histoire d’injustice sociale, voire de féodalité, est malheureusement trop connue et nous rappelle inévitablement l’emprise, encore bien présente, de la Mafia italienne et de certains puissants corrompus sur toute une frange de la population.
On est également bercés par les superstitions de la région, les histoires de sorcières, les tirages de cartes, tout ce qui permet de donner une autre dimension à la misère quotidienne.
Enfin, on aspire avec les personnages à cette liberté tant désirée, loin des cancans du village de Copertino et des préoccupations journalières, tournée vers un ailleurs inconnu. Cette quête s’avérera toutefois être une chimère dangereuse.
En bref : « La liberté au pied des oliviers » est une tragédie des temps modernes porté par la grâce de l’écriture de Rosa Ventrella. Pêle-mêle de souvenirs inspiré des propres histoires familiales de l’autrice, il s’agit, en tous cas, d’un bel hommage qu’elle leur rend.
Vous connaissez Rosa Ventrella ? Vous avez envie de lire ce roman ?