Mais néanmoins je n'ai aucun regret car Je mange donc je suis est une des expositions qu'il faut avoir vues et c'est une chance qu'elle soit prolongée tout l'été au Musée de l'Homme (où vient de s'ouvrir Dernier repas à Pompéi). Elle aborde les aspects biologiques, culturels et écologiques de notre alimentation.
Mes yeux portent sur cette mise en garde de Paul Rivet, écrite en 1948 : l'humanité est un tout indivisible, non seulement dans l'espace, mais aussi dans le temps. La bienvenue au musée nous est toujours souhaitée par des enseignes multicolores installées il y a cinq ans, depuis la réouverture.
Le parcours est conçu pour intéresser les publics néophytes comme avertis, et tous les âges. L'expérience est singulière, à la croisée entre passé, présent et avenir, nourriture, culture et nature, arts et sciences.
La première salle commence, en toute logique par la présentation d'outils : les dents, les hameçons, les harpons, bien utiles pour pêcher car on consomme du poisson depuis environ 200 000 ans avant notre ère. La viande est elle aussi une nourriture préhistorique. Les commissaires ont conçu un parcours sérieux mais ponctué de pointes d'humour. Ainsi il est amusant de voir le paquet de Frosties à proximité de galettes de blé fossilisés.
Je suis surprise aussi de voir dans une vitrine l'appareil ménager que ma mère utilisait au quotidien. Le Robot Charlotte 1960 est donc devenu une pièce de musée.
La volonté de théâtraliser la scénographie est manifeste, avec des filets rouges et une alternance de salles obscures. Plus loin, un diorama interactif à double écran combinant, à gauche le bon ou le connu et à droite le mal ou l’inconnu présente six sujets : la vache, le canard, le poisson, le porc, les légumes, et peut-être le sujet le plus original avec les insectes. Je reconnais le slogan : Croquer, craquer, criquet ... On entend de la musique ponctuée de cris d’oiseau. On reconnaît, à son chapeau, le chef Marc Veyrat qui veuille des herbes sauvages et fait déguster la benoîte.
Y aurait-il des aliments masculins ou féminins ? Dans la vie comme à table, il existe des inégalités entre femmes et hommes qui ont une incidence sur le corps et peuvent être créatrices de souffrances. Il n'est pas tout à fait exact que les femmes mangeraient léger, et que les hommes préféreraient des plats roboratifs. Depuis le début du XX° siècle, certaines femmes se martyriseraient dans un corset dans un idéal de minceur et des mannequins anorexiques nous effraient alors que je découvre que dans d’autres pays, comme la Mauritanie, il existe des maisons d’engraissement où 40% de la population féminine ingurgitent quotidiennement 100 fois plus de calories que nécessaire, avec les conséquences terribles pour leur santé.
Manger peut aussi avoir un caractère magique et la nourriture être préparée pour les esprits ou des rituels religieux, dont la Cène est un exemple avec le partage du pain et du vin. Plusieurs artistes ont revu à leur manière le tableau de Léonard de Vinci (1495-1498) qui défilent sur un enregistrement vidéo, de la plus minimalisme, avec une table vide à la plus délirante. Voici, ci-dessous, The last supper qui montre une table encombrée de déchets peinte par Dina Goldstein.
On devine que le film a été tourné avant le Covid puisque chacun puise dans le même plat avec ses baguettes. depuis cette pratique est prohibée et il existe des baguettes de service, de couleur noire pour être facilement reconnaissables. On nous prévient qu'il ne faut surtout pas planter ses baguettes verticalement dans le riz comme on le ferait avec des bâtons d’encens et surtout ne jamais les poser sur la table.
Les livres de recettes mexicains font partie des premiers écrits de cuisine nationaux dans le monde. Ce passage de l'oral à l'écrit définit et diffuse un idéal culinaire, qui repose sur des représentations sociales, politiques et identitaires. Le Nuevo Cocinero americano en forma de diccionario est une reproduction de l'édition de 1888 de Miguel Angel Porrua, Mexico DF.
Sur la gauche des calebasses de Michoacán décorées de fleurs colorées évoquant l'artisanat polonais ou russe. Une assiette montre un des plats les plus traditionnels, le fameux Chile en nogada qui est un piment doux, farci de viande et nappé de sauce aux noix parsemée de grains de grenade. C'est un plat de fête qui commémore l'indépendance du Mexique le 16 septembre 1810. Selon la légende il aurait été inventé dans l'état de Puebla en l'honneur d'Agustin de Iturbide, premier empereur mexicain. Ses couleurs, -vert pour l'espérance, blanc pour la pureté et rouge pour la passion- évoquent celles du drapeau qui voit alors le jour.
A la fin du 17 ème siècle, une variété de piment venue des Antilles est cultivée à Espelette : elle est aujourd'hui emblématique de la cuisine basque. Le poivron, espèce de piment doux, occupe, quant à lui, une place importante dans la cuisine méditerranéenne.
Le tableau de Michel Garnier (1753-1829), Piment Piper Nigrum, datant du début du 19 ème, et provenant de la collection des bibliothèques, a tout à fait sa place dans l'exposition. De même que le "vert citron pichet" de Pablo Picasso.
Il faut se souvenir que le grand homme était un héros de la guerre de 1870 pendant laquelle la France a perdu l'Alsace-Moselle. On y sert donc des saumons du Rhin sauce Tartare et un Buisson d'écrevisses de la Meuse qui renvoient aux Territories perdus. En légume une Salade Russe aux truffes pourrait apparait comme une provocation. En dessert le gâteau à l'ananas évoque les colonies, qui symbolisent la grandeur de l'empire français.
L'exposition aurait été incomplète si elle n'avait pas abordé les impacts environnementaux liés à la production de ressources pour nourrir l'humanité aujourd'hui et celle de demain. On use la nature à force de la considérer comme un supermarché où l'on se servirait gratis sans se soucier du prix à payer. Je n'ai pas aimé les références à l’agriculture et à l'élevage intensifs dont je sais trop bien quels méfaits ils causent sur l'environnement comme sur l'individu. La surexploitation des carpes et d’autres poissons, le broyage des poulets mâles, les vaches aux mamelles difformes pour les rendre plus adaptées à la traite mécanique, le défrichement de la forêt primaire, l'appauvrissement des sols beaucerons ... peut-on raisonnablement espérer que cela cesse ?
On s'interroge sur l'accroissement du nombre de personnes qui se disent intolérantes au gluten et on réfléchit sur les vraies et fausses tomates cœur de bœuf ...
Je mange donc je suis
Tous les jours, sauf mardi, de 11 à 19 heures
Il est indispensable de programmer exclusivement votre visite sur la billetterie en ligne.
Imprimez ou téléchargez votre billet et venez à l’heure exacte du créneau réservé.
Jusqu'au 31 août 2020 au Musée de l'Homme
17, place du Trocadéro - 75016 Paris - 01 44 05 72 72
Recettes de Christophe Lavelle, commissaire scientifique de l'exposition, en partenariat avec Marmiton : Kéfir de fruit340 grammes de kéfir en grains40 grammes de sucre1 orange ou 1 autre agrume1 litre d'eau et 1 bocalDans un bocal, verser l’eau, y diluer le sucre puis ajouter les grains de kéfir, les fruits secs, l’agrume (coupé en quartier).Laisser fermenter 24h à 48h (le milieu devient trouble, des bulles sortent régulièrement des grains et les fruits secs remontent en surface).Enlever les fruits secs et les quartiers d’agrume, filtrer la boisson et la transvaser dans des bouteilles avec fermetures hermétiques (type bouteilles de soda).Rincer les grains et relancer une fermentation dans la foulée, ou stocker les grains dans un peu d’eau sucrée au frais dans l’attente d’une utilisation ultérieure.Laisser la fermentation se poursuivre 2-3 jours à température ambiante dans les bouteilles fermées, puis conserver les bouteilles au frigo jusqu’à leur consommation.
Si vous êtes plus patient encore car il faut un délai d'un mois (mais les tomates ainsi préparées peuvent se conserver plusieurs mois… rendant cette recette réalisable à toutes les saisons) : Gaspacho de tomates lacto-fermentées 10 tomates (environ 1 kilo)30 grammes de gros sel30 de sucre3 cl d'huile d'olivepoivreblender, bocal, verrine
Laver les tomates et les couper en 4.Préparer la saumure en dissolvant 30 g de gros sel dans 1 litre d’eau.Tasser les tomates au fond d’un grand bocal à joint étanche, couvrir de saumure et fermer le bocal.Laisser fermenter au moins 1 mois.Après fermentation, ouvrir le bocal, égoutter les tomates et les passer au blender en ajoutant le sucre et l’huile d’olive.Servir en verrine avec un peu de poivre du moulin (et éventuellement quelques herbes et dés de crudités de saison).-----Conditions de visite
Le port du masque est obligatoire à partir de 11 ans.Respectez une distance d’1,5 m minimum avec les autres visiteurs.Pas de visite en groupe. Évitez les regroupements de plus de 10 personnes.Suivez les parcours et les sens de visite en respectant la signalétique.Désinfectez-vous les mains régulièrement en utilisant les gels hydroalcooliques mis à disposition à l'accueil.Éternuez ou toussez dans votre coude.Renoncez à votre visite en cas de fièvre ou d’autres symptômes du Covid-19.
Le Muséum national d'Historie naturelle s'est engagé à :Développer des parcours de visite adaptés.Réduire le nombre de visiteurs accueillis.Procéder au nettoyage très régulier des espaces de visite et des sanitaires.Mettre à disposition des agents d’accueil équipés de masques, pour répondre à toutes vos questions.
Les espaces suivants restent fermés dans l'immédiat : le Centre de ressources Germaine Tillion et la Bibliothèque de recherche Yvonne Oddon.Les dispositifs tactiles sont éteints.Le prêt de fauteuils roulants est maintenu. Les sièges pliables et aides optiques ne sont plus disponibles.La boutique rouvre à partir du 1er juillet 2020.Le restaurant-café Café de L'homme est fermé et ne rouvrira qu'en septembre.Les consignes sont fermées.Toutes les animations, conférences et projections sont temporairement suspendues.