Le bilan de l’objectif Pal revient le 31 août sur le blog pour un bilan de nos lectures d’été. Il était donc temps pour moi de sortir au moins un titre de ma vieille PAL. J’ai choisi cette petite trouvaille de boîte à livres… De Julien Green, je ne connaissais pas grand chose, mis à part le nom, la solide réputation et l’existence de son journal. Je n’ai cependant pas hésité à prendre ce livre lorsque je l’ai vu, gage de qualité d’écriture, et d’un univers classique qu’il me serait agréable de retrouver à l’occasion. Et je n’ai pas été déçue. Julien Green explique en préambule les coulisses de l’écriture de ce roman, son intérêt d’alors pour la psychanalyse de Freud et l’observation qu’il a faite à ce moment-là de sa famille, vaquant à ses occupations domestiques. Et nous entrons en effet dès les premières pages dans un intérieur domestique. Dans une petite ville de province, La Tour-l’Eveque, vit une famille composée d’un père autoritaire, d’une grande soeur maladive, et d’une cadette d’à peine dix-huit ans, Adrienne. Le quartier est calme, peu de voitures circulent dans leur rue, dans laquelle Adrienne s’échappe parfois. Un jour, alors qu’elle est partie un peu plus loin encore, elle croise le regard de son voisin, médecin, à travers la vitre de sa voiture. Des sentiments qui ressemblent à de l’amour, ou plutôt à une sorte de fixation amoureuse, naissent dans le coeur de la jeune fille. Toutes ses actions vont dorénavant avoir un seul but, pouvoir apercevoir au mieux la maison de son voisin. Pour ce faire, elle sort encore tous les soirs, convoite la chambre de sa soeur aînée, mieux disposée, et attend avec impatience le retour de son autre voisine, qui a une vue imprenable sur le pavillon du médecin… Il est peu de dire que ce qui a germé dans l’ennui, les contraintes excessives de sa famille, la routine, va engendrer des comportements étranges chez Adrienne, jusqu’au drame… J’ai été assez bluffée par ce roman qui sait faire monter en puissance le malaise et la tension. On s’attache au personnage d’Adrienne, tout en étant un peu accablé par son attitude et ses choix. Julien Green laisse en suspend quelques interrogations, par exemple sur le lien réel de Germaine, la grande soeur, avec sa cadette. On imagine aussi le père Mesurat détenteur de lourds secrets. Ce roman, paru en 1927, m’a fait une grande impression.
Editions France Loisirs – décembre 2013
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
L’avis de Tatiana de Rosnay, membre du comité d’auteurs de France Loisirs
« La belle Adrienne Mesurat, dix-sept ans, habite Villa des Charmes, entre un père tyrannique et une soeur aînée, aigrie et malade. Ils vivent dans un petit village de province. Un jour, elle croise le regard d’un homme sur une route de campagne et tout devient possible dans ses rêves. Ce huis clos envoûtant et inexorable, presque étouffant, happe dès la première page. Impossible de le lâcher ! Il y a du Balzac et du Flaubert dans ce roman magistral que Julien Green a écrit à seulement vingt-sept ans. »
Un roman lu dans le cadre de…