De son vrai titre Diary of a bad year, ce livre de l'écrivain sud-africain (qui vivait, alors, en Australie) présente une structure originale : un vieil homme - qui peut être, ou pas, la figure de l'auteur lui-même - doit publier une série de réflexions pour un éditeur allemand. Il demande alors à une jeune voisine, la belle et accorte Anya, de lui taper son manuscrit.
Dès lors, la page se divise en trois parties : les pensées, souvent passionnantes quoique fort pessimistes, du vieil homme, sur l'État et la démocratie, l'économie, le droit... Une seconde "bande" est le récit de sa rencontre avec Anya, parfois à la limite de la comédie ; car la jeune femme est dotée d'un solide bon sens et d'un corps séduisant dont elle sait se servir. Et la troisième "bande" introduit un autre personnage, l'odieux Alan, sombre petit ami de ladite Anya. Autant elle est lumineuse et humaine, autant il est répugnant, obsédé par la concupiscence supposée du vieil homme, et surtout par la perspective de le dépouiller : l'horrible personnage va jusqu'à se servir d'Anya, à l'insu de celle-ci, pour pirater l'ordinateur de "Señor C" et lui siphonner ses comptes...
Une seconde partie est moins âpre, plus adoucie, et peut-être moins intéressante à mes yeux : sous l'influence d'Anya, les pensées de Señor C s'édulcorent ; après une soirée mémorable où Alan s'est enivré et montré insultant, Anya a définitivement rompu avec lui... L'ensemble devient plus mélancolique, moins mordant.
Outre cette structure originale, je retiens de ce Journal d'une année noire des réflexions pertinentes sur Guantanamo, le terrorisme, la manière inhumaine dont l'Australie traite les réfugiés... et sur le drôle de monde dans lequel nous vivons...