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Je ne suis pas venu ici pour souffrir, okay ?

Publié le 30 juillet 2020 par Desfraises

Je ne suis pas venu ici pour souffrir, okay ?
Je ne suis pas venu ici pour souffrir, okay ?
D'abord le tableau noir :
* vendredi : le client agressif et ses acolytes qui m'insultent parce que j'ai eu le malheur de leur rappeler les règles de la maison, un horaire de départ, pas respecté évidemment. Je crains un couteau brandi, un coup de boule, ou pire. Mon directeur s'est un jour fait casser une dent par une cliente sauvage qui a mal vécu son éviction. Alors que les choses soient claires : on a parfaitement le droit de refuser des clients (même avec une réservation) quand la sécurité de l'établissement, sa propre sécurité, celles des autres clients est en jeu. C'est à l'appréciation du réceptionniste d'hôtel en poste ou de son supérieur hiérarchique, s'il est présent. Je laisse les en******s de mouches disserter à propos de la légalité de la chose. J'ai connu le vol avec agression, les visites au commissariat pour confondre le scélérat. Chat échaudé craint l'eau froide. 
* samedi : le client qui veut en venir aux mains parce que je refuse de le rembourser (le quartier ne lui plaît finalement pas, nous n'avons pas de parking, et j'en passe des justifications du gars qui ne s'est jamais renseigné sur ce qu'il a réservé). Je vous épargne les détails d'un incident qui a trop duré. Le pignouf évincé par je ne sais quel miracle rappelle pourtant à 23h pour me menacer d'un "j'arrive et je t'encule" avant de raccrocher. Avouez que ça met de bonne humeur.  
* dimanche : la parigote qui nous traite de voleurs parce que sa "robe de créateur" a disparu. Ambiance. Arrivée chez elle, elle nous appelle et se confond en excuses. Sa "robe de créateur" était roulée en boule au fond du sac. Pauvre "créateur".
* Je ne compte plus les petites agressions de tous les jours qui pourraient déraper si je demandais, humblement ou sèchement, le respect.  
Souvent, je me tais et ça me rend malade parce qu'en creux j'accepte l'agression, l'irrespect, je baisse mon froc, métaphoriquement certes mais l'effet est détestable. Que faire, que dire. Quand à vélo, 
* mardi : je gueule "P***** mais faites gaffe" par réflexe lorsqu'une portière s'ouvre et manque me renverser. Que dire que faire quand le conducteur me rattrape, son abruti de passager me crache à la figure. Que faire que dire qui ne me fasse prendre le risque de me faire tabasser un soir sur le bord d'un boulevard rentrant chez moi. Ce soir-là, j'avale ma haine des sauvages. 
Un peu de rose et d'humanité au tableau :
* Il est 6 heures. Le livreur A de la société X arrive dépité avec son chariot. Son camion est plus loin. On lui a fracassé la vitre, volé les clés du camion et son sac. Nous sommes trois, le nouveau réceptionniste de nuit, son formateur et moi-même, à l'aider à descendre la livraison en cuisine. Nous devisons à propos du salopard qui lui a bousillé sa journée. 
* Une heure plus tard, je vois arriver le livreur B de la société Y qui approche avec ses chariots de linge. Aidé par le livreur A de la société X. Deux hommes travaillant pour deux sociétés distinctes proposant des services qui n'ont rien à voir se donnent un coup de main. Le livreur B prend sur son temps (chronométré) pour venir au secours d'un confrère dans la panade, le livreur A, qui le lui rend bien en l'aidant à son tour. Leur journée risque hélas de s'achever plus tard que prévu et sur des dépassements horaires... bénévoles, pour l'un et pour l'autre. Le gars qui a prêté main forte au malheureux (une crème de gentillesse) me dira ce matin : aucun de ses collègues ne l'aurait aidé, ce sont des chiens. 
L'entraide, la solidarité, entre deux gars. Il n'en fallait pas plus pour me réconforter.
* Ou encore, ce soir, à 20 heures, la vieille dame dans sa Smart rouge qui s'en va nourrir les chats errants de je ne sais quel quartier.
* Le couple âgé sourd et muet du deuxième étage qui me fait coucou de la main avec un large sourire.
* La chienne qui pousse un cri de joie parce que je lui promets une friandise. 
* Mon mec qui m'offre de lécher la louche pleine de chantilly maison. 

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