Démanteler Google n’améliorera pas les choix disponibles des consommateurs ni la compétitivité de ses concurrents.
Un article de l’Institut économique de Montréal
En situation de libre-échange véritable, c’est-à-dire sous un régime de concurrence permanente, tous les succès industriels sont forcément temporaires. Les produits et les modèles d’affaires finissent toujours par devenir obsolètes car de nouveaux produits et services, meilleurs et/ou moins chers viennent les remplacer.
Certains industriels peu scrupuleux le savent bien et tentent d’obtenir auprès des gouvernements des barrières légales à l’entrée de leur marché. Ils essayent ainsi de créer une chasse gardée en réduisant les possibilités de nouvelle concurrence.
En l’absence de telles barrières artificielles, les concurrents potentiels, stimulés par le succès de leurs prédécesseurs ou frustrés par l’état de l’art des produits disponibles, s’organisent pour conquérir l’esprit et le cœur des consommateurs souverains.
Comme le montre l’histoire des fondateurs d’Apple dans leur garage, ou de Xerox dans leur cuisine, les moyens de départ dans cette course à la réussite ne sont pas un bon prédicteur du futur.
Ainsi, quand on observe le succès d’une compagnie quelconque, il faut bien se demander si ce succès a été obtenu et maintenu par l’innovation et le progrès social pour les consommateurs, ou s’il a été maintenu par une régulation qui empêche un concurrent de venir proposer quelque chose de meilleur.
Dans le cas de Google, il n’y a pas de loi empêchant quiconque de développer un meilleur modèle d’affaire ou un algorithme de moteur de recherche plus pointu. Il existe d’ailleurs des solutions alternatives qui sont préférées par certains consommateurs minoritaires.
L’existence à un moment donné d’une grande part de marché ne signifie pas, en tant que telle, que son bénéficiaire dicte les termes du marché. Ce sont les consommateurs qui les dictent car ils jugent alors que les solutions alternatives disponibles n’ont pas leur préférence.
Les lois anti-trust ignorent complètement l’existence de rivaux potentiels et la menace réelle qu’ils exercent sur les producteurs en place et ce, malgré d’innombrables exemples historiques.
Démanteler Google n’améliorera pas les choix disponibles des consommateurs ni la compétitivité de ses concurrents. Cela réduira seulement sa capacité d’innovation à court terme et, indirectement, le bien-être des clients qui en auraient profité.