#2020RacontePasTaVie - jour 223, l'ennui ou son absence

Publié le 10 août 2020 par Aymeric


Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je ne m’ennuie jamais.

De l’avantage d’être du genre passif, je n’ai pas besoin pour me distraire de dépenser une tonne d’énergie à faire ceci ou cela. Le matériel dont j’ai besoin est simple et m’est toujours à portée de mains.
Un livre me suffit.
Et jamais je ne me trouve sans un livre. Jamais, même, je ne me trouve sans une pile dans laquelle puiser.
(Ce dernier point posant d’ailleurs un récurrent problème de bagages, ma petite manie alourdissant conséquemment ces derniers.)

Il m’arrive même, rarement, de cesser volontairement mes absorptions culturelles via textes, images ou notes pour me laisser aller à le rêverie, me contentant pour m’occuper d’observer le défilé aléatoire des mes pensées, les suivant du coq à l’âne jusqu’à, le plus souvent je ne vous le cache pas, tomber dans un sommeil de sieste dont je me régale comme une friandise, avec souci de parcimonie mais toujours un peu trop quand même.

A ce point il me faut vous avouer que je n’ai pas été des plus honnêtes avec vous dans ma première ligne.
A la vérité il m’arrive de connaître l’ennui.
Simplement je ne le connais jamais seul.

Pour ressentir l’inconfortable fourmillement qui coïncide avec la sensation d’un temps infiniment long, épais et pénible il me faut de la compagnie.
De celle dont on se serait passé ou qu’on aurait eu plaisir à voir mais peut-être un moins longtemps ou qui vous bloque debout, entre deux portes, deux magasins, au détour d’une machine à café pour l’intolérable supplice des conversations informelles.

Mes plus douloureux souvenirs d’ennuis infiniment longs, épais et pénibles sont à chercher dans certains repas familiaux du dimanche midi où se succédaient des heures durant des plats en quantité et durant lesquels la politesse élémentaire, qu’il était néanmoins nécessaire de me rappeler, m’interdisait de sortir livre ou illustré pour échapper un instant à ces poisseuses prisons de sociabilité imposée.
Dans ces moments là hélas, le temps ne pressait guère et ma patience, elle, s’usait.