Un ouvrier récemment licencié enlève la fille de l'ami de son ancien patron, espérant utiliser l'argent de la rançon pour payer la greffe de rein de sa sœur.
" Boksuneun Naui Geot " (복수는 나의 것), ou " Sympathy for Mr. Vengeance " pour la distribution internationale, est un thriller dramatique sud-coréen datant de 2002, co-écrit et réalisé par Park Chan-wook, à qui l'on doit également " The Handmaiden " (2016). Les acteurs principaux sont Song Kang-ho, qu'on a pu voir dans " The Age of Shadows " (2016), Shin Ha-kyun, qu'on a pu voir dans " The Villainess " (2017), Bae Doona, qu'on a pu voir dans " The Drug King " (2018), Han Bo-bae, qu'on a pu voir dans " A Company Man " (2012), Im Ji-eun, qu'on a pu voir dans " Hwayi: A Monster Boy " (2013), et Lee Dae-yeon, qu'on a pu voir dans " Coin Locker Girl " (2015). Ce métrage est le premier volet d'une trilogie dédiée à la vengeance orchestrée par Park Chan-wook, et sera suivi par " " (2003) et " Lady Vengeance " (2005). Ce film est paru le 29 mars 2002.
L'histoire proposée par " Sympathy for Mr. Vengeance " nous invite à suivre Ryu ( Shin Ha-kyun), un ouvrier sourd et muet qui essayent de financer une greffe de rein pour sa sœur. Dans un premier temps, il vend l'un de ses propres reins à des trafiquants d'organes, mais se fait sévèrement arnaquer. Dans un deuxième temps, fortement conseillé par Cha Yeong-mi ( Bae Doona), sa petite amie, se présentant comme un membre d'une organisation anarchiste, il kidnappe la fille d'un ami proche de son ancien patron. Bien que la rançon demandée ait bien été payée par Park Dong-jin ( Song Kang-ho), le père de la jeune Yu-sun ( Han Bo-bae), les choses se compliquent terriblement et dramatiquement pour les différents protagonistes de cette histoire...
Autant le dire de manière claire et précise, je n'aime pas le cinéma de Park Chan-wook, et de sa filmographie, c'est probablement l'intégralité de sa trilogie vengeance que j'apprécie le moins. Je vais néanmoins tenter de rester le plus objectif possible, pour autant que l'on puisse l'être dans cette situation. En regardant " Sympathy for Mr. Vengeance " je me demandais qui était réellement ce Monsieur Vengeance. Est-ce le personnage incarné par Song Kang-ho, qui veut se venger de la mort tragique de sa fillette, ou est-ce le personnage incarné par Shin Ha-kyun, qui lui veut se venger de l'arnaque dont il a fait l'objet, le forçant à se lancer dans un kidnapping tragique pour pouvoir obtenir l'argent pour les soins de sa sœur ( Im Ji-eun). Cette dernière, découvrant qu'elle est à l'origine des exactions de son frère, va se suicider. Et finalement, à lecture du titre original, 복수는 나의 것, j'ai compris qu'il fallait raisonner différemment. Une traduction plus juste serait : la vengeance est à moi. Partant de là, l'idée est différente. Chacun des protagonistes trouvant une logique à sa volonté de vengeance.
Une fois passées ces réflexions métaphysiques, on peut comprendre pourquoi le film, à sa sortie, fut considéré comme violent. Une violence qui avait également été relevée lors de la sortie du célèbre " Scarface " de Brian De Palma, paru en 2003. Cependant, dans ces deux métrages, la violence est plus souvent suggérée que réellement montrée. Reste donc le style visuel. Des angles de prise de vues singulière, un cadrage stupéfiant, des séquences courtes, des gros plans sur des visages, souvent inexpressifs, une absence de dialogues. Une histoire somme toute assez sombre, où la quasi-totalité des protagonistes passent à la trappe avec une touche d'ironie et d'humour noir. Il y a indéniablement un aspect cauchemardesque dans cette histoire. Une sorte de spirale infernale qui envoie les personnages principaux dans le néant. La moralité finale pourrait bien être que la vengeance déshumanise plus qu'elle ne satisfait l'auteur. Et si finalement, Park Chan-wook avait tout dit sur le sujet, dès son premier opus de sa trilogie ?
Les valeurs de productions sont très singulières pour ce film. La photographie confiée à Kim Byung-il est particulière comme je l'ai souligné précédemment. Des angles de prises de vues originales, de côté, au ras du sol, parfois en caméra à l'épaule à l'instar d'une séquence de reporter de terrain. Des séquences très courtes, comme lorsque l'on montre le poste de travail de Ryu à l'arrêt pour marquer son licenciement. Des séquences à la limite de l'étrange, comme lorsque Ryu se rend auprès de la responsable du trafic d'organes en gravissant les escaliers d'un bâtiment en construction. Bien que la bande musicale ait été confiée à deux compositeurs, Baik Hyun-jhin et Jang Young-gyu, celle-ci est plutôt discrète. En tout cas, elle ne m'a pas marqué, et suffisamment pour j'en fasse état ici. Le montage orchestré par Kim Sang-bum joue pour beaucoup dans l'originalité du film, conduisant ce dernier a une durée de 129 minutes, alternant des passages très lents à des scènes explosives de violence. On pourra citer la scène où un employé fraîchement licencié se taillade l'abdomen au cutter devant son patron, en pleine rue.
En conclusion, " Sympathy for Mr. Vengeance " est un film singulier sur le thème de la vengeance, disposant d'une histoire classique, d'une intrigue usuelle et d'un développement original. Le rythme est plutôt lent, entrecoupé de séquences explosives et violentes, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est étonnante de par la particularité des cadrages, la bande originale est ordinaire et le montage, confié à un maître en la matière, est la vraie réussite de ce film, probablement un modèle du genre. La distribution offre de très bonnes prestations. On sent déjà la grande maîtrise du jeu de Song Kang-ho auquel j'ai cependant préféré la performance de Shin Ha-kyun que j'ai eu du mal à reconnaître dans ce rôle de sourd-muet aux cheveux vert-bleu. Un métrage atypique que certains aduleront et que d'autres apprécieront modérément...