J'aime assez varier les éditions sur mon blog (comme le challenge du même nom à découvrir [ici])... et tenter des auteurs inconnus. Me voici donc aujourd'hui avec un exemplaire d'un roman, dont la maison d'édition est située à Lausanne, et d'un auteur, professeur d'université, ayant enseigné tant en France qu'en Suisse. L'intrigue, inspirée d'un fait réel, se situe d'ailleurs dans ce milieu. A l'occasion d'un passage en bouquinerie, un professeur d'université tombe en effet sur le reliquat d'une bibliothèque privée, celle d'un professeur de littérature ayant disparu quinze ans plus tôt. Intrigué, l'apprenti enquêteur part à la recherche de Karl Kleber, persuadé de trouver dans les livres, dans ce milieu qu'il connaît très bien, et dans le passé du professeur, les clés de sa disparition. Et les indices apparaissent effectivement peu à peu, dressant le portrait d'un homme, fortement agacé par le tournant que prend alors le système universitaire, coureur de jupons, et ayant à coeur de réinventer sa vie. Les lecteurs qui côtoient l'université d'aujourd'hui s'y sentiront sans doute comme un poisson dans l'eau. J'ai un peu frémi de me rendre compte qu'en 1997 j'avais déjà quitté pour ma part les bancs des amphithéâtres. Daniel Sangsue nous livre un roman érudit et de genre, un roman universitaire à la David Lodge. Plus on avance, plus la disparition de Karl Kleber semble étrange et inexplicable. Pour autant, après tout ce temps, elle ne concerne que peu de personnes. Notre enquêteur ne baisse pourtant pas les bras, au nom de cet amour de la littérature qu'ils avaient en commun. Il considère, de plus, que les livres du disparu lui ont fait signe. J'ai apprécié dans ce roman tout ce qui concernait l'enquête, mais sans doute un peu moins les digressions et les références littéraires, souvent inconnues pour moi. Pour autant, je serais ravie de lire de nouveau l'auteur dans un titre du même genre. L'énigme autour de Karl Kleber est en effet ici très bien ficelée et la conversation que le narrateur entretient avec sa bibliothèque a, malgré tout, beaucoup de charme.
Editions Favre - mai 2020" Si la bibliothèque de Karl Kleber avait été entièrement détruite, que serait devenue sa mémoire ? [...] Car tout ce qui restait de lui tenait finalement dans ces livres qu'il avait aimés et qu'il continuait à hanter par son nom, une date, une annotation, un soulignement, une marque dans la marge. "
J'ai aimé ce livre, un peu, beaucoup...
Blogueuse littéraire depuis 2006 Voir tous les articles par Antigone