* Une belle lande se caractérise par un sol très pauvre sur lequel on peut observer des espèces animales et végétales originales. L’ajonc et la bruyère en sont deux représentants typiques. Le défrichement de la forêt primaire originelle à partir du Néolithique sur le site a participé de l’appauvrissement des sols, en plus de l’érosion causée par le vent ainsi que des ruissellement et lessivage des pluies. Le milieu des landes évolue naturellement et lentement, du fait du sol pauvre et du fait d’autres facteurs comme la concurrence entre espèces et le parasitisme.
* Il a été nécessaire de réintroduire une gestion des terrains similaire à celle que pratiquaient les agriculteurs plusieurs décennies auparavant, incluant le fauchage de certaines parcelles et le pâturage. Dans le cadre de petites exploitations (15ha) Le « gouzhil », produit issu de la fauche de lande, servait de litière pour les vaches des agriculteurs.. Le schéma était le suivant : herbes et litières composaient la litière des vaches, la litière usagée servait à fertiliser les champs de céréales. Ces céréales étaient cultivées, elles, pour nourrir la principale force de travail : le cheval de trait. « Aujourd’hui, nous procédons avec les mêmes techniques qu’utilisaient les paysans pour la préservation du milieu, car nous nous sommes soumis aux mêmes contraintes (déclivité des terres, humidité, présence de roches qui peuvent endommager le matériel, etc.) », explique Ronan Le Mener, gestionnaire des espaces naturels à Locarn. Ainsi, des actions de fauche manuelle s’y déroulent régulièrement ; de même, des moutons sont placés à tour de rôle sur différentes parcelles pour participer à la tonte et au défrichage.
* Les tourbières sont des sortes de reliques des toundras des dernières glaciations. La constante y est l’humidité tout au long de l’année. « Étonnamment, il arrive d’observer des gelées dans nos tourbières en été, dues à un phénomène thermodynamique complexe. Il s’agit d’inversions de températures dues à l’humidité qui s’évapore, il se forme alors du givre sur quelques centimètres de hauteur dans les tourbières », détaille Ronan Le Mener.
* Pour suppléer aux apports nutritifs insuffisants du milieu, plusieurs espèces végétales ont développé des techniques de parasitisme ou de prédation au cours du temps long des plantes. Ainsi, la la cuscute du thym ne comporte aucune partie verte vivante en elle-même, mais crée des suçoirs qui s’infiltrent à l’intérieur d’autres plantes, pour pomper la sève des ajoncs et de la bruyère par exemple. Plus encore, on peut observer des plantes carnivores dans les tourbières acides et gorgées d’eau, parmi lesquelles le drosera (plante protégée à l’échelle nationale) et la grassette du Portugal. La première sécrète des gouttelettes gluantes qui empêchent l’insecte, venu se poser sur une de ses feuilles, de repartir ; il est ensuite digéré par un suc digestif qui en extrait les acides aminés. La seconde capture l’insecte dans ses feuilles enroulées et glissantes,pour ensuite le digérer.
« En France, il n’existe aucun dispositif qui permette de protéger un milieu naturel. En revanche, il en existe un qui permet de protéger une ou plusieurs espèces spécifiques, et par ricochet, leur habitat naturel », explique Ronan Le Mener. « À Locarn, deux espèces-parapluie garantissent ainsi la préservation des lieux de projets d’aménagement ou de construction. Le drosera pour les tourbières, et le busard Saint-Martin pour les landes. »
Ce rapace assure ainsi indirectement la sauvegarde des landes locales, par le biais de plusieurs arrêtés préfectoraux et municipaux qui, depuis 1988, empêchent la destruction de son milieu naturel. En 1988, il avait été envisagé d’organiser un tournoi de motocross tandis que 7 à 8 couples de busards y nichaient ! Fort heureusement, un arrêté municipal s’y est opposé. Le busard Saint-Martin trouve sur place un habitat idéal requérant deux types de landes : une première assez haute, puisqu’il niche au sol parmi des massifs d’ajoncs Europe piquants pour éloigner les prédateurs ; une seconde à la végétation plus courte où circulent les petits mammifères qu’il chasse (campanules, mulots, etc.) Un épisode particulièrement intéressant auquel assister à cette occasion correspond à l’échange de proies entre la femelle et le mâle. Tandis que la femelle couve au sol, le mâle effectue des aller-retours et lui jette des proies qu’elle récupère en plein vol, à moins de 40m du sol. On observe une fréquence de passage du mâle toutes les 45 minutes. Autre point notable : la femelle s’avance à sa rencontre pour éviter que le nid soit repéré par les prédateurs (renards, chiens des promeneurs).
Et les tourbières dans tout ça ?
Milieu intriguant, entre marécage et bayou, les tourbières relèvent du même biotope que la lande et possèdent un sol très pauvre. Elles se composent d’une matière organique végétale qui ne se décompose jamais, mais continue à s’accumuler pendant des générations et des générations (la tourbe). « Dès que les débris végétaux ne sont plus visibles, on a à faire à proprement parler à de la tourbe. Cette tourbe brune qui se découpe comme du beurre produisait des briquettes destinées à être brûlées. Si cette pratique perdure en Irlande, prélever de la tourbe en France est désormais interdit », souligne notre guide.
Mais peut-on tomber dans une tourbière et s’y enfoncer ?
« Hors des sentiers de randonnée balisés sur le site, les zones de tourbières comportent bien quelques risques. Ce sont des zones marécageuses dans lesquelles on peut s’enfoncer seulement si on reste trop longtemps sur place. La végétation au lieu de pousser sur les berges au fur et à mesures que la mare "s’atterrit", c’est-à-dire que de la vase se forme au fond, pousse directement sur la surface de la mare et en cache la présence. Mais la raison principale pour laquelle les tourbières ne sont pas accessibles au public, c’est qu’un piétinement trop important détruirait complètement ce milieu fragile. »
Les 4 salariés de l’association Cicindèle ne manquent donc pas de travail dans leur mission de préservation et de valorisation des landes de Locarn. Ronan Le Mener passe environ 30% de son temps sur le terrain à observer, entretenir, et planifier ses interventions. « Nous pratiquons une gestion en mosaïque de ces espaces, où se juxtaposent différents milieux (lande, prairie, tourbière, forêt...) Je proportionne toujours les actions d’entretien à l’information que vais récolter derrière. Par exemple, si je sais que telle espèce d’oiseau niche sur les landes et que je sais que c’est la seule façon de protéger sa zone de vie et de reproduction, alors, je vais adapter ma gestion. Protéger certaines espèces se fait au détriment d’autres. Néanmoins, l’action de notre association permet actuellement de préserver 50 espèces dans les tourbières, contre 10 si nous n’y intervenions pas et que la forêt reprenait ses droits dessus », conclut-il.
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