Agriculture Urbaine, nouvelle tendance à Monaco

Interview de…

Jessica Sbaraglia, fondatrice de Terre de Monaco 

Sur quoi repose le projet « Terre de Monaco » ?

Il s’agit de valoriser les espaces plats (sol et toit) grâce à la création de parcelles productives en fruits et légumes, aromates et fleurs comestibles. En pratique, nous produisons des produits très diversifiés, faits dans les valeurs du bio et sans aucun traitement. Des produits saisonniers, frais et de grande qualité, vendus directement aux propriétaires ou aux locataires de ces espaces urbains.

Quel est l’intérêt de l’agriculture urbaine par rapport aux exploitations agricoles traditionnelles ?

Dans notre cas, cela représente un geste écologique fort puisqu’il nous permet de promouvoir auprès des grands comme des petits : les circuits courts, la saisonnalité des produits, la bio-agriculture et la permaculture, l’utilisation des énergies renouvelables, la réduction des emballages superflus, le recyclage des déchets verts et même le non-gaspillage alimentaire.

De manière générale, plus de biodiversité ornementale ou comestible génère une meilleure qualité de vie. Les gens apprécient de retrouver ou de découvrir la nature à proximité de leur lieu de vie, mais aussi de consommer des produits qui viennent de tout près. De plus, l’agriculture urbaine offre un paysage urbain bien plus agréable que le béton, car plus vert ! Au fil des années, nous avons acquis 60 poules, installé 10 ruches et planté 50 arbres fruitiers. De quoi offrir fraicheur, couleurs, mais aussi une belle découverte de l’écosystème qui nous entoure aux habitants.

Différents secteurs et corps de métier sont aujourd’hui intéressés par l’agriculture urbaine et ses bienfaits ?

Oui, nous travaillons en étroite collaboration avec des Chefs étoilés, des établissements hôteliers, des particuliers, l’Éducation Nationale, mais aussi des promoteurs immobiliers et des architectes.

Nous avons même installé un potager au Centre Hospitalier Princesse Grace de Monaco. Accompagnée d’un éducateur spécialisé, d’une psychomotricienne et d’une infirmière, j’y réalise un atelier mensuel sur les fondamentaux de l’agriculture biologique pour les patients hospitalisés en psychiatrie et pédiatrie. La nature est apparue ici comme un outil de médiation très thérapeutique.

Les futurs bâtiments doivent-ils, selon vous, prévoir des espaces verts dès leur conception ?

Il y a actuellement une vraie volonté de faire évoluer l’urbanisme. Les habitants en sont l’une des causes : ils ont envie de verdure, mais aussi d’immeubles plus écologiques. C’est d’ailleurs cette demande croissante qui nous a incités, depuis peu, à exporter notre concept en Europe. En France, il y aura bientôt « Terre de Nice » et en Belgique « Terre de Tubize ».

L’œil de l’expert

« Intégrer l’agriculture urbaine dans des projets urbains à plusieurs bénéfices :

• créer du lien social entre les habitants ;
• retisser un lien entre les citadins et la nature ;
• participer au développement et au maintien de la biodiversité ;
• créer des îlots de fraîcheur en ville et retenir les eaux pluviales ;
• créer de l’emploi local et d’insertion.

Autre bénéfice : participer à la résilience alimentaire des territoires. On s’en est particulièrement rendu compte durant la crise du COVID-19 : avoir séparé ville et agriculture représente une vulnérabilité puisque les grandes villes ont en moyenne trois jours d’autonomie alimentaire. Faire de la place à des espaces d’agriculture urbaine et péri-urbaine – davantage en lien avec les besoins de la ville à côté de laquelle ils se situent – apparaît aujourd’hui comme une nécessité ! Tout comme le développement des filières de circuits courts tant pour la production que la vente. Que ce soit pour assurer la résilience alimentaire des villes, agir positivement sur le changement climatique ou répondre aux attentes des consommateurs, nous allons vers une plus grande proximité de la production agricole. Un lien est en train de se recréer entre ville, nature et agriculture. »

-Christine Grèzes, Directrice RSE et Innovation chez Linkcity, filiale de développement immobilier de Bouygues Construction.

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