Imaginez que depuis le début de cette année, vous êtes parti pour de très longues vacances dans un coin reculé de la planète, sans TV, journaux, Internet, bref coupé de tout. Vous vous reconnectez pour la première fois aujourd'hui pour regarder l'état de votre portefeuille. Là, vous vous dites sans doute qu'il ne s'est pas passé grand chose durant ce premier semestre. Le marché a tout juste très légèrement fondu, ce qui est tout à fait compréhensible vu les valorisations extrêmes qui sévissaient au début de cette année. Bref, apparemment rien de vraiment neuf sous le soleil.
Ce qui vous a échappé néanmoins, c'est que la bourse s'est écroulée de près d'un quart de sa valeur en l'espace d'un mois, avant de rattraper pratiquement toutes ses pertes les trois mois suivants. Vous avez aussi zappé que la moitié de la planète a été confinée durant plusieurs semaines, que les taux de chômage de toutes les nations ont explosé comme ils ne l'ont jamais fait, que les entreprises ont dû être placées en soins intensifs, sous respirateurs artificiels alimentés par les banques centrales et les deniers publics. Sans parler des 500'000 morts au passage. Tout est parti en cacahuètes, sauf le marché qui a repris de sa superbe, au plus grand bonheur de Donald à la chevelure d'or et de son pantin Powell.
Durant ces six mois tristement historiques, mon portefeuille était bien parti pour nettement battre le marché puisqu'il s'en tirait au plein milieu de la crise avec une baisse tout juste supérieure à 10%, aidé par une faible exposition en actions et la bonne tenue de l'or et des bons du trésor. Par contre il a à peine redécollé par la suite, alors que le marché explosait. Je me retrouve donc au final avec une performance de -7%, alors que le Swiss Performance Index n'a baissé que de 3%.
Evidemment, je ne peux être satisfait de cette contre-performance. Ceci étant dit, dans un marché en situation de bulle comme c'est le cas actuellement, le seul moyen de le battre, c'est de jouer à encore plus fou que lui, c'est à dire spéculer, en jouant avec l'effet de levier ou en achetant des titres risqués et/ou encore plus survalorisés. Le fait que le marché ait perdu un quart de sa valeur en quatre semaines nous rappelle que ses fondations n'étaient pas solides avant la crise. Elles le sont d'autant moins à présent.
L'autre aspect à prendre en compte, c'est la volatilité. Celle-ci est à tort négligée par beaucoup d'investisseurs, voire pire, carrément valorisée. Il fut un temps où l'on estimait que volatilité et performance étaient corrélées. Pourtant c'est exactement le contraire qui se passe dans la réalité. Certains arguent qu'elle est intéressante parce qu'elle offre des bons points d'entrée. C'est vrai, mais on ne sait jamais là où cela peut s'arrêter. Plus le titre est volatil, plus il est difficile de choisir le bon moment et donc plus il y a de chances de se tromper. Ça devient de la loterie et donc de la spéculation. Plus le titre est volatil, plus les pertes sont susceptibles d'être importantes et plus l'investisseur risque de flipper et prendre de mauvaises décisions. Au-delà de ça, un portefeuille trop volatil est surtout préjudiciable en termes de délai pour acquérir l'indépendance financière. Comme je l'explique dans mon e-book, plus votre capital fluctue, plus vous avez besoin de fortune pour devenir financièrement indépendant et donc plus il vous faudra de temps pour devenir rentier. L'idéal est donc de maximiser la performance, tout en minimisant le risque. De ce point de vue, mon portefeuille s'en sort bien par rapport au marché (ci-dessous comparé au S&P 500).
Enfin, notons encore que la valorisation actuelle du marché est très élevée et qu'elle offre donc de faibles perspectives futures en termes de performance. Ceci est d'autant plus vrai que les conséquences négatives à moyen et long terme du virus chinois sur l'économie ne sont pas encore entièrement connues.
En résumé, si vous vous deviez repartir sur votre île déserte pour les six prochains mois, il n'est pas certain que vous ayez autant de chance que durant ce premier semestre.