D'emblée, le retour en arrière réserve une surprise : à une ou deux exceptions près – dont, en particulier, les cryptomonnaies, alors encore sous les radars –, aucun concept réellement nouveau n'est apparu depuis 2010. Quand j'observe l'actualité explorée au cours des 3 premiers mois du blog, les thèmes les plus pressants d'aujourd'hui étaient déjà abordés : paiement mobile, PFM, néo-banque, finance participative, « robo-advisor », analyse de données (en attendant l'IA), API, cybersécurité, méthodes d'innovation…
En revanche, ce qui est différent par rapport à cette époque est, clairement, la maturité de l'écosystème. D'une part, la plupart de ces concepts ont connu plusieurs cycles d'évolution et, par exemple la gestion de finances personnelles actuelle, du moins dans ses incarnations les plus avancées, n'a plus grand chose à voir avec celle d'autrefois. Certains sont maintenant intégrés, avec plus ou moins de bonheur, par les acteurs traditionnels, tandis que d'autres ont fait émerger des licornes incontournables.
D'autre part, l'industrie financière s'est éveillée à l'existence de la FinTech, au point de parfois vouloir copier ses recettes afin de survivre au XXIème siècle. Il y a quelques années, les responsables de banques ignorait l'existence des startups qui entendent les concurrencer. Désormais, les deux mondes se connaissent intimement – bien que l'histoire qui veut qu'Ana Botín (Santander) ait découvert TransferWise parce que son fils l'utilisait montre qu'il subsiste d'énormes lacunes – et tentent même de collaborer.
Entre les deux extrêmes, il faut également s'arrêter sur la transformation « digitale », qui constitue un pivot fondamental de la stratégie récente des établissements traditionnels. Si leurs offres de services web et mobiles ont fait d'incontestables progrès, notamment en termes de fonctions disponibles, l'expérience client qui les anime ne s'est hélas guère améliorée : les canaux à distance sont toujours considérés, pour l'essentiel, comme une déclinaison d'une agence bancaire sur un écran, sans conseil.
En synthèse, il paraît évident que, en 2020, la grande révolution du secteur financier est à peine entamée. Mais elle n'est certainement pas éteinte. Au contraire. La FinTech moderne est apparue dans le sillage de la crise de 2008 et j'ai toujours estimé qu'un nouveau choc, d'une ampleur au moins aussi monumentale, serait probablement indispensable pour franchir un palier supplémentaire. La pandémie – qui a mis en exergue un certain nombre de lacunes et de déficiences – sera peut-être celui-là.