Devrait-on « alléger » le traitement du diabète chez les personnes d’âge avancé ou en fin de vie ? C’est la question que s’est posée cette équipe du Centre de soins des « Vétérans » du Pittsburgh Healthcare System (Pennsylvanie). Les conclusions de l’étude, présentées dans le Journal of the American Geriatrics Society font en effet valoir un traitement excessif du diabète chez 44% des anciens combattants résidents d’EHPAD (ou maisons de soins infirmiers) atteints de diabète et souffrant de démence ou ayant une espérance de vie limitée.
La question de poursuivre un traitement antidiabétique « intensif » se pose alors qu’une personne sur 4 âgée de 65 ans ou plus souffre de diabète. Le diabète est la 7è cause de décès dans les pays riches et un contributeur majeur de maladies cardiaques. Il est convenu que le contrôle strict de la glycémie est le meilleur moyen de ralentir la progression du diabète et de prévenir ses nombreuses complications : un bon contrôle de la glycémie signifie un taux de sucre dans le sang cible (appelé A1c ou HbA1c) <6,5% à 7,0%.
Quel contrôle glycémique pour les plus âgés ?
Pour les personnes âgées ayant une espérance de vie limitée ou atteintes de démence avancée, maintenir ce niveau de sucre dans le sang cible pourrait causer plus de mal que de bien. Pour plusieurs raisons : ces patients pourraient ne pas vive suffisamment longtemps pour en tirer les bénéfices du traitement ; un contrôle strict de la glycémie peut augmenter le risque d'événements indésirables dont l'hypoglycémie, favoriser le risque de chutes, de fracture, de perte de conscience…
Cibler des cibles d'HbA1c plus élevées chez les plus âgés ? C’est aujourd’hui le message de plusieurs lignes directrices qui conseillent de cibler un taux d’HbA1c entre 8,0% et 9,0% pour les personnes âgées qui souffrent de plusieurs comorbidités chroniques, qui ont une espérance de vie limitée, ou qui sont résidentes en EHPAD. Cependant, les recherches et les preuves manquent pour guider les praticiens dans le traitement du diabète chez les personnes âgées.
Alléger les traitements du diabète chez ces personnes âgées pourrait prévenir des hospitalisations inutiles via la réduction du risque d’effets indésirables sévères et d’interactions médicamenteuses notamment. C’est l’hypothèse de départ adoptée par l’équipe qui mène ici l’une des premières études sur les éventuels effets d’un traitement excessif du diabète chez les plus âgés, en fin de leur vie ou qui souffrent de démence. L’analyse constate :
- un traitement excessif du diabète chez 44% des résidents atteints de diabète ayant une espérance de vie limitée ou souffrant de démence : ainsi, près de la moitié des résidents reçoivent au moins 2 antidiabétiques, et ceux dont le taux d'HbA1c >7,5% reçoivent un nombre encore plus important de médicaments contre le diabète ;
- ces résidents trop lourdement traités sont âgés en moyenne de 78 ans ;
- les 2 tiers d’entre eux ont été admis en EHPAD depuis l’hôpital ;
- 14% sont en fin de vie et 79% à risque modérément élevé de décès dans les 6 mois ;
- Une majorité de ces patients est physiquement dépendante, souffre de maladie cardiaque et / ou de comorbidités du diabète ;
- 9% de ces résidents sur-traités ont connu un grave épisode d'hypoglycémie au cours de l'année précédente : ce qui confirme l’intérêt d’un allègement du traitement.
Ainsi, les chercheurs concluent, au vu des nombreux effets indésirables observés, que de trop nombreux résidents, notamment parmi ceux ayant une espérance de vie limitée sont traités de manière excessive pour leur diabète au moment de l'admission. Il est donc urgent d’examiner les effets d’un allégement du traitement chez les résidents les plus âgés ou à plus faible espérance de vie, concluent les chercheurs,
et de mieux cerner les risques et les avantages des stratégies de gestion du diabète chez ce groupe de patients très âgés.
Source : Journal of the American Geriatrics Society 17 February 2020 DOI : 10 .1111/jgs.16360 Deintensification of Diabetes Medications among Veterans at the End of Life in VA Nursing Homes
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Équipe de rédaction SantélogJuil 1, 2020Rédaction Santé log