Ça commence comme on s’ennuie : une région accueillante mais quelque peu isolée, où on se perd facilement surtout sans réseau pour les téléphones, et où le lecteur ne sait pas bien si le récit concerne son auteure ou une autre, fictive celle-là. Et le paysage sans panneau indicateur ressemble à ce labyrinthe qu’est le désert : sans mur, sans toit, on pourrait ajouter presque sans route. Peu à peu la tension monte. L’auteure est piégée par son écriture même : si l’homme est un animal, pourquoi ne pas aller au bout de ce raisonnement ? Essayer la chasse, c’est peut-être se rapprocher de l’animal, sentir ses peurs, sa force, et notre auteure éprouve une certaine excitation, le fusil en main. Il ne faut pas trop en raconter à partir d’ici. À la fin du livre, on comprend qu’on a été soi-même traqué, perturbé par l’ambiguïté de certains propos animaliers et entraîné presque malgré soi dans les impasses du labyrinthe. Mais qu’est ou qui est l’aurochs pour exercer cette fascination ?