Magazine Société

Les grands assassinats judiciaires - De Fouquet à Fillon, de Didier Gallot

Publié le 27 juin 2020 par Francisrichard @francisrichard
Les grands assassinats judiciaires - De Fouquet à Fillon, de Didier Gallot

Il est fascinant de constater qu'avec la création du PNF [Parquet national financier], le système qui nous dirige s'est enfin doté de l'arme absolue. Près de trois décennies ont été nécessaires pour aboutir à ce chef-d'oeuvre. Le pouvoir a changé de dimension. Désormais, il tient tout et contrôle tout.

Certes, mais il n'est pas nouveau que la justice soit dépendante du pouvoir politique. Avant que d'aborder l'affaire Fillon, qui fut assassiné judiciairement et médiatiquement, l'auteur donne de nombreux exemples historiques qui le confirment.

Le Grand Siècle est à cet égard emblématique, qu'il s'agisse de l'affaire Fouquet ou de l'affaire des poisons. Louis XIV en tira la conclusion que le secret était pour le pouvoir le meilleur moyen d'empêcher la justice de faire des vagues.

Au XVIIIe l'affaire du collier de la Reine Marie-Antoinette montre qu'il aurait fallu justement mettre une chape de plomb sur le dossier. Comme ce ne fut pas le cas, Goethe put dire que cette affaire fut la préface de la Révolution française.

La leçon ne fut pas mieux comprise par le jeune Bonaparte pour qui l'alerte fut chaude à la suite du procès du général Moreau: Les épurations judiciaires de 1807 et 1810 [assurèrent] provisoirement la fidélité de l'institution au nouveau régime.

Après avoir évoqué la Cour de Riom, pendant la Deuxième Guerre mondiale, autre exemple de procès public où les accusés surent se défendre, l'auteur donne le contre-exemple du procès Laval qui est l'exception qui confirme la règle:

Un pouvoir doit impérativement éviter la publicité des débats quand il veut expédier judiciairement un de ses adversaires.

Sous de Gaulle, l'affaire Ben Barka va donner l'occasion au pouvoir politique d'opérer la fusion des services actifs de la sûreté nationale et de ceux de la préfecture de police, donc de parachever l'organisation centralisée de toute la police française.

Après l'élection de Georges Pompidou en 1969, l'épuration des services secrets ou officiels qui, lors de l'affaire Markovic, avaient trempé dans le complot contre le couple Pompidou, allait être menée tambour battant et ne doit pas être minimisée.

L'affaire du Carrefour du Développement et l'affaire Urba, qui révèlent le financement occulte du parti socialiste par des procédés criminels, ne sont pas enterrées grâce notamment à des juges intègres et efficaces qui ne se laissent pas intimider.

L'affaire Cahuzac est la goutte d'eau qui détermine le pouvoir politique à reprendre la main. Ses hommes, ceux qui tirent les ficelles et que Didier Gallot appelle la Firme, vont enfumer l'opinion publique en créant un comité Théodule et le PNF.

Le PNF obtient les pleins pouvoirs en matière de justice financière, y compris dans le domaine fiscal et décide seul des procédures financières sensibles, paré du label JUSTICE fort utile quand il s'agit de mener une campagne de déstabilisation.

Cette machine de guerre va être lancée contre le soldat Fillon pour l'assassiner, avec le succès que l'on sait, alors qu'en cherchant bien, on découvrirait que la quasi totalité de nos élus nationaux pouvait se voir reprocher ce dont Fillon était accusé...

Ceux qui ne présentent plus d'intérêt, pour Hollande ou pour  Macron, seront lâchés, tels Bruno Le Roux, François Bayrou, Sylvie Goulard ou Marielle de Sarnez, exception faite de Richard Ferrand qui fait partie des espèces protégées...

Quoi qu'il en soit François Fillon n'a pas su se défendre: il a joué la bonne foi et le fonctionnement normal des institutions. Selon l'auteur, il aurait fallu désigner un avocat un peu voyou et grande gueule qui n'aurait pas hésité à attaquer la haute magistrature...

Compte tenu des troubles dans lesquels le pays s'enfonce, des troubles tels qu'il n'en a pas connu depuis longtemps, des gaffes à répétition commises par ces amateurs que sont les hommes et femmes du monde nouveau, Didier Gallot pose la question:

L'élimination médiatico-judiciaire de François Fillon n'a-t-elle pas été un très mauvais coup porté à notre pays?

Francis Richard

Les grands assassinats judiciaires - De Fouquet à Fillon, Didier Gallot, 156 pages Les impliqués Éditeur


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine