Que notre vie professionnelle soit orientée vers la création, ou pas, nous avons tous des dispositions créatives. Elles nécessitent peut-être d’être dépoussiérées et remobilisées, mais elles sont bien là ! Elles sont une source de plaisir et d’épanouissement dont nous ne tirons pas toujours partie, par manque de temps ou négligence. Henry Todd, contributeur de l’ouvrage collectif « S’organiser au quotidien », aide les créatifs à trouver des stratégies pour améliorer leur productivité et leur performance et ainsi vivre de leurs talents. Il partage ici ses recommandations pour libérer notre créativité personnelle :
« J’ai constaté dans la vie de professionnels de la création, quel que soit leur domaine, du jardinage à l’aquarelle en passant par le prochain roman d’exception, des bénéfices similaires : céder à leurs désirs créatifs, selon leur propre terme libère leurs passions et leur ouvre de nouvelles perspectives.
Je pense que ce que j’appelle la « Création Personnelle » est essentielle pour quiconque utilise son esprit.
La Création Personnelle donne la liberté d’explorer de nouvelles possibilités et d’alimenter sa curiosité. Les professionnels de la création les plus frustrés sont souvent ceux qui attendent que leur travail quotidien leur permette d’exprimer pleinement leur créativité et de satisfaire leur curiosité. Ils s’appuient sur les limites définies par leur supérieur ou leur client et craignent sans cesse que leur meilleure création ne trouve pas sa place dans le produit final en raison de ces restrictions et compromis. Une enquête commanditée par Adobe en 2012 a révélé que près de 75 % des travailleurs aux États-Unis, Royaume-Uni, en Allemagne, en France et au Japon pensaient ne pas réaliser leur potentiel créatif (aux États-Unis le nombre étant plus proche de 82 %).
De toute évidence, il existe un fossé entre ce que de nombreux créatifs réalisent chaque jour et ce qu’ils se sentiraient capables de réaliser s’ils disposaient de davantage de ressources ou étaient moins limités par la bureaucratie. Mais ces limites sont peu susceptibles de changer dans un contexte où la tolérance pour le risque est faible et les ressources plus rares que jamais. Si vous ne vous consacrez qu’à un seul projet quotidiennement, il en découlera inéluctablement un sentiment de frustration.
Pour rompre ce cycle, conservez une liste de tous les projets que vous souhaiteriez réaliser pendant votre temps libre et consacrez-leur une heure chaque semaine (ou chaque jour). Parfois, l’exercice peut sembler inefficace sur l’instant – en particulier quand tant d’autres priorités vous appellent – mais s’avère essentiel pour renforcer votre énergie créative dans votre travail quotidien.
Vous pouvez également vous procurer un cahier et y noter tous les sujets que vous souhaiteriez approfondir ou les expériences que vous souhaiteriez vivre. Vous pouvez ensuite utiliser votre temps de Création Personnelle prédéfini pour jongler avec ces idées. Comme Steven Johnson l’explique dans son livre Where Good Ideas Come From, « Une bonne idée est un réseau. Un groupe spécifique de neurones – je parle de milliers de neurones – se synchronise pour la première fois dans votre cerveau et fait jaillir une idée dans votre conscience. Une nouvelle idée est un réseau de cellules explorant leurs connexions potentielles. »
Lorsque vous vous donnez régulièrement la permission d’explorer ces « connexions » sans craindre ni limiter leur finalité, vous augmentez la probabilité d’une avancée créatrice dans tous les domaines de votre vie et de votre travail. »
Bloquer une heure par semaine pour travailler sur des projets créatifs personnels est atteignable et produit des effets cumulatifs intéressants : cette heure consacrée à d’autres sujets viendra nourrir vos projets « officiels » et soutenir votre enthousiasme et votre motivation à plus long terme. C’est aussi une façon d’entretenir sa créativité en la sollicitant différemment. Alors, où la bloquez-vous dans votre agenda ?