- Grâce à vous, j'ai l'impression d'avoir un peu connu Bernard.
- Si c'est ce même sentiment qu'éprouveront les lecteurs de ce roman, alors ce livre valait la peine d'être écrit.
Ce roman est en effet un bel hommage rendu à Bernard de Fallois, cet éditeur hors du commun dont le roman préféré était Autant en emporte le vent...
Car Joël y fait son propre portrait de jeune homme en auteur qui lui doit tout, aussi bien le succès que la notoriété, que le fait qu'on l'appelle l'écrivain et qu'on le lise.
Après la mort de Bernard début 2018 et lors de vacances à Verbier, Joël, personnage de roman dans ce roman, se met à l'écrire à partir de questions qu'il se pose.
Au sixième étage du Palace de Verbier, où il est descendu il occupe la chambre 623. Or il parcourt tout l'étage et constate qu'il n'existe pas de chambre 622.
Sa voisine de chambre Scarlett Leonas l'a reconnu. Il lui explique que pour écrire un roman il faut en avoir envie et que l'intrigue doit répondre à des questions.
En l'occurrence le point de départ pourrait être de répondre à celle-ci: pourquoi au Palace de Verbier y a-t-il une chambre 621 bis et pas de chambre 622?
Après recherche, Scarlett, en assistante supplétive, apprend à Joël que dans cette chambre, un 16 décembre, il y a eu un meurtre, ce qui fait surgir d'autres questions.
Ce 16 décembre était un dimanche, celui du Grand Week-End d'Ebezner, la grande banque privée genevoise, au cours duquel devait être élu son président.
L'intrigue est lancée. Joël et Scarlett enquêtent pour nourrir le roman de l'écrivain, qui se passe de nos jours, au moment des faits et quelque quinze ans plus tôt.
Joël Dicker, à l'imagination fertile, prend un plaisir certain à brouiller les pistes et fait rebondir l'intrigue en multipliant les occasions manquées par ses héros.
L'Énigme de la chambre 622 n'est pas une énième histoire policière à la noix, c'est bien plus que cela, même si le lecteur s'impatiente à obtenir des réponses.
Le lecteur vit la vie de palace à Verbier et à Genève, pénètre les secrets de la banque Ebezner et y découvre les luttes internes pour y détenir le pouvoir.
Les couples s'y font et s'y défont sur des malentendus, des non-dits. Ils connaissent des hauts et des bas et se voient confirmé que l'argent n'est pas tout dans la vie.
Mais, surtout, le lecteur part en vacances pour une véritable aventure à la quelle l'auteur l'invite, une aventure comme chacun aimerait au fond que sa vie soit:
La vie est un roman dont on sait déjà comment il se termine: à la fin le héros meurt. Le plus important n'est donc pas comment notre histoire s'achève, mais comment nous en remplissons les pages.
Francis Richard
L'Énigme de la chambre 622, Joël Dicker, 576 pages, Éditions de Fallois, Paris
Livres précédents:
Les derniers jours de nos pères (2012)
La vérité sur l'Affaire Harry Quebert (2012)
Le livre des Baltimore (2015)
La disparition de Stephanie Mailer (2018)
Le Tigre (2019)