Voilà, vous avez survécu à votre première sortie en ville, non sans mal, mais les règles rentrent vite. Ne soyez pas si fiers de vous, sachez qu'il y aussi une vie après le centre-ville, et qu'elle comporte aussi ses us et coutumes.
Commençons chronologiquement. Vous sortez de chez vous, vous allez prendre le bus. Sachez que le bus s'arrête où vous êtes. Sert à rien de marcher 50 mètres de plus s'il vous prend devant votre porte. Pratique pour vous, ça vous fait un voyage de 8 km jusqu'au centre-ville en environ 35 minutes. Ben oui, y'a du monde dans votre quartier, périphérie ou pas. L'avantage de la périphérie, c'est que les chauffeurs sont peu nombreux sur votre ligne, et qu'au retour, comme il connaît votre binoche, il vous laissera aussi devant votre porte, 25 mètres après l'arrêt où va descendre la femme de la police municipale. Le désavantage de la périphérie c'est qu'entre midi et deux, les chauffeurs ils aiment bien manger, vous avez toutes les chances d'attendre au moins une heure pour pouvoir rentrer dans votre doux foyer. Ah, j'oubliais... à Catamarca, comme on vient de le dire, la moitié des arrêts de bus ne sont pas formalisés, c'est bien à la tête du client, mais la totalité est garantie sans horaires de passages.. à vous de noter plus ou moins les heures de passage si vous voulez pas poireauter demie heure à l'arrêt parce que vous êtes arrivés 2 minutes après le bus.. Je dis ça mais j'ai pas encore compris quels sont les horaires de mon bus dans le centre... donc c'est à chaque fois à pile ou face.
Bref, vous êtes dans le bus. Votre frigo est vide. Ben oui, après la dernière coupure d'électricité vous avez dû tout jeté. Sûr qu'avec les 42° de ces derniers jours, une coupure de 6 heures et le joint pourri de votre frigo se sont rapidement alliés contre vous. Question d'habitude, toutes les semaines il y a des coupures d'électricité, toujours pour une bonne raison :
-les jours de grand vent (et à Catamarca, le vent c'est quelque chose..), parce que toutes les lignes sont aériennes et que forcément il tombe un arbre/une branche/un poteau électrique ;
-les jours de forte chaleur, parce qu'avec l'embellie économique, de plus en plus de gens peuvent se payer une climatisation pour supporter les 3 ou 4 moins de chaluer étouffante. Evidemment le système électrique de Catamarca se surcharge et tout saute.
-les jours de grands froids, parce qu'ici c'est une ville de chaleur, et quand il fait froid, tout le monde se meurt et met un peu plus de chauffage, électrique, ou bien grâce à la climatisation qui fai aussi chauffage. Et puis c'est bien connu, les gens ont tendance à rester à l'intérieur en hiver. Evidemment le système électrique de Catamarca se surcharge et tout saute.
A Banda de Varela, l'eau du robinet, avant d'arriver dans votre gosier, sort d'une source, qui se jette dans une rivière, dont l'eau est pompée en partie pour être amenée jusq'à une station de décantation / traitement pour enfin être distribuée dans le circuit local. Qui dit pompée dit électricité. Qui dit électricité coupée, dit eau coupée. Reste donc l'eau chaude, puisque toutes les maisons, les moins pauvres en tout cas, sont équipés d'un réservoir pour l'eau chaude. L'eau chauffée au soleil de midi en plein été, c'est un délice, essayez.
Bref, vous allez au supermarché, donc. Au super on trouve de tout. Evidemment, merci Carrefour. Enfin, vous rirez, mais Catamarca étant à au moins 600 km de toute sorte d'eau salée (non saumâtre, s'entend), pas de rayon poissonnerie donc. L'Argentine étant le pays des vaches, vous avez pleins de laitages, mais pas plus de deux à la fois. Ici, le pot de Danette de 1 kg, connaissent pas. Niveau de vie oblige. Mais c'est quand-même frustrant d'acheter ses yaourts par deux. Par contre c'est le royaume du yaourt à boire, en sachet dun litre. J'avoue j'ai du mal à m'y faire. Pour le fromage, oubliez direct, vous trouverez environ 3 types de fromages différents, pour varier. Petite note à part : l'autre jour j'ai vu du fromage à raclette Président au Vea, j'ai cru mourir.. Daniel aussi, quand il a vu le prix : 150 $ le kg (30 €).. voyons voir, avec 150 $, on achète... 75 kg de pommes de terres, 15 kg de Danette, ou 7,5 kg de n'importe quel autre fromage... Reste l'idée que si je traverse une période de déprime profonde je pourrais toujours me payer une tranche de bonheur..arf..
Bon, pour le reste, le super c'est pareil que chez vous, de la viande pas exceptionnelle, des fruits et légumes fades et hors de prix, etc.
Forts de votre heureuse expérience au super, grand moment social, vous vous aventurez plus loin dans le centre, côtoyer l'autochtone.
A Catamarca, comme partout, ou presque, dans le monde, quand vous consommez, vous payez. Le gentil facteur vous apporte infailliblement des nouvelles de votre consommation qui vous remettent rapidement les pieds sur terre... Munis de vos factures, vous êtes dans le centre-ville. Oui, vous n'avez pas l'option "débit automatique" chez vos fournisseurs de services, vous n'avez pas de carte de crédit. Vous vous rendez directement chez "Pago facil" (paiement facile), où tout Catamarca vient aussi payer ses factures. Si vous aviez été un poil plus alertes, vous auriez pensé à les payer au Vea, avec vos courses... pour vous apprendre, retapez-vous la queue !! De toute façon au Vea ils prennent pas les factures d'eau, au final vous y perdez pas franchement.
Un autre avantage de vivre en périphérie : votre facture d'eau s'élève tous les 2 mois à 20 $ (4 €).. eh oui, à Banda de Varela, pas de compteurs d'eau.. ce qui produit inévitablement ce spectacle typique dans le quartier : en été, on arrose le trottoir et la route (en terre).. pour éviter ces sempiternelles volées de poussières... Daniel l'appelle le sport national. C'est probablement plus rafraîchissant quand l'eau est gratuite.
Bon, vous avez payé vos factures, la fille vous a jeté un sale regard parce que comme à tout le monde elle a demandé si vous aviez pas le compte rond, parce que le manque de petite monnaie se fait cruellement sentir, et comme tout le monde vous avez répondu que non, parce que le manque de petite monnaie se fait cruellement sentir.